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samedi 31 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Notre agressivité se dissipera en évoquant les pensées contenues dans la Prière de la Sérénité. Il arrive que l’on soit indisposé par des solutions qu’il nous est impossible de contrôler ou de changer (par exemple, les embouteillages, la température, les files d’attente au supermarché), de sorte que l’unique choix sage et raisonnable consiste à els accepter plutôt que de rager intérieurement pour rien, ou de nous tourner vers l’alcool. Bien sûr nous pouvons parfois en vouloir à une des circonstances de nos vies que nous pouvons, et devrions changer. Peut-être nous devrions quitter notre emploi pour en trouver un meilleur, ou obtenir un divorce, ou déménager notre famille dans un autre quartier. Dans ces cas, la décision doit être prise avec soin, sans précipitation ni colère. Il convient donc de retrouver d’abord nos esprits. C’est alors seulement que nous pouvons analyser de façon calme et constructive si notre ressentiment provient d’une chose que nous pouvons changer. Pour mieux s’en assurer, se reporter au chapitre 7, qui traite de la Prière de la Sérénité.

jeudi 29 janvier 2015

Littérature - "Vivre sans alcool"

Chose intéressante, plusieurs des moyens déjà évoqués pour éviter de boire se sont aussi révélés merveilleusement efficaces pour soulager les malaises intérieurs résultant de la colère. Par exemple, lorsque nous sommes sur le point d’éclater, il aide parfois grandement de grignoter nos douceurs favorites ou de siroter une boisson non intoxicante, de préférence sucrée. Lorsque quelque chose nous irrité, il est fortement recommandé de téléphoner à notre parrain ou à d’autres alcooliques rétablis pour leur en parler. Il est aussi bénéfique de faire une pause pour nous demander si nous ne serions pas surmenés. Dans l’affirmative, il s’est avéré qu’un peu de repos suffisait souvent à nous apaiser. Aussi, répéter plusieurs fois en cadence « Vivre et laisser vivre » aide à nous calmer. Nous pourrions aussi nous tourner vers une activité tout à fait étrangère à la cause de notre irritation, soit en exécutant quelques exercices rigoureux ou en écoutant notre musique préférée.

Littérature - Vivre sans alcool

Même si on nous a réellement traités de façon mesquine ou injuste, le ressentiment est un luxe que nous, alcooliques, ne pouvons nous offrir. Toute colère peut nous détruire, car elle peut nous conduire de nouveau à l’alcool. (On traite du ressentiment de façon plus détaillée dans les livres Les Alcooliques Anonymes, et Les Douze Etapes et les Douze Traditions) Nous ne pouvons nous reconnaître aucune compétence en psychologie pure nous contentant de concentrer nos efforts, non pas à rechercher les causes des malaises profonds engendrés par la colère, mais simplement à y faire face, que nous les croyions justifiés ou non. Nous nous appliquons à maîtriser ces émotions pour éviter qu’elles nous amènent à boire.

mardi 27 janvier 2015

Littérature - "Vivre sans alcool"

Il faudrait peut-être ajouter la peur à cette liste, car plusieurs croient que la colère est souvent un produit de la peur. Nous ne savons pas toujours très bien de quoi nous avons peur ; parfois, il s’agit seulement d’une crainte vague, générale et indéfinie. Et elle peut donner naissance à une colère tout aussi généralisée, susceptible de se concentrer soudainement sur quelqu’un ou quelque chose. Les sentiments de frustration peuvent aussi engendrer la colère. Comme groupe, les buveurs ne sont pas réputés pour leur grande tolérance face à la frustration, réelle ou imaginaire. L’alcool devenait notre secours préféré pour surmonter pareille émotion. Le ressentiment « motivé » est peut-être le plus problématique à maîtriser. C’est l’aboutissement d’une colère juste, longtemps entretenue et qui ne saurait se prolonger sans diminuer progressivement notre résistance à l’alcool.

lundi 26 janvier 2015

Littérature - "Vivre sans alcool"

Mais nous y reviendrons plus tard. Pour l’instant, jetons un cou p d’œil sur certaines formes et couleurs que peut parfois emprunter la colère : L’intolérance – le snobisme – la tension – la méfiance – le mépris – la rigidité – le sarcasme – l’anxiété – l’envie – le cynisme – l’apitoiement – la suspicion – la haine – le mécontentement – la malice – la jalousie Une fois abstinents, bien des membres des AA ont pu relier ces sentiments à quelque colère sous-jacente. Lorsquen ous buvions, la plupart d’entre nous mettaient bien peu de temps à réfléchir à ces choses. Nous étions plutôt portés à ruminer ou à exploser, surtout après avoir grossi ces évènements par un autre verre.

dimanche 25 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Beaucoup sont cependant certains qu’il est très néfaste pour l’équilibre émotif de contenir la colère. A moins d’extérioriser notre agressivité d’une façon ou d’une autre, elle nous empoisonnera intérieurement en nous contrant sur nous-même, nous conduisant ainsi à une profonde dépression. La colère tous soutes ses formes est un problème humain universel. Mais elle représente une menace particulière pour les alcooliques. Notre propre colère peut nous tuer. Les alcooliques rétablis conviennent presqu’unanimement que l’hostilité, la rancune ou le ressentiment provoquent en nous le désir de boire et nous imposent l’obligation d’être vigilants. Pour les apprivoiser, nous connaissons des moyens bien plus appropriés que l’alcool.

samedi 24 janvier 2015

Littérature - "Vivre sans alcool"

Même ceux d’entre nous qui n’ont jamais agi de la sorte peuvent facilement imaginer la rage féroce qui peut amener certaines personnes à imaginer pareille violence si elles sont suffisamment ivres. Donc, nous reconnaissons le potentiel danger contenu dans la colère. Il fait peu de doute qu’il est normal de la retrouver de temps à autre chez la « bête humaine » ! Tout comme la peur, la colère pourrait bien posséder certaines valeurs de survie communes à tous les membres de l’espèce appelée homo sapiens. L’indignation face à des notions telles que la pauvreté, la maladie et l’injustice a sans aucun doute engendré des progrès dans de nombreuses civilisations. Mais on ne peut nier non plus que les voies de fait et même les violences verbales résultant d’une colère excessive sont déplorables et peuvent causer des préjudices à la société comme telle, aussi bien qu’aux individus. C’est pourquoi certaines religions et philosophies nous exhortent à nous débarrasser de la colère pour parvenir à une vie plus heureuse.

vendredi 23 janvier 2015

Littérature - "Vivre sans alcool"

On a supposé qu’il pouvait exister une réaction chimique subtile non définie entre l’alcool et les changements physiologiques provoqués par la colère. Une étude expérimentale sur les alcooliques a révélé que les ressentiments peuvent provoquer sur le système sanguin une condition inconfortable, qu’une cuite pouvait dissiper. Un psychologue éminent a récemment émis l’hypothèse que les buveurs semblent aimer l’impression de pouvoir et de domination ressentie sous l’influence de l’alcool. On a publié des données sur les liens étroits qui existent entre l’usage de l’alcool d’un part, et les attentats et homicides d’autre part. Dans certains pays, il semble que bon nombre de ces crimes surviennent alors que, soit la victime, soit le criminel (ou parfois les deux) se trouvent sous l’influence de l’alcool. Les viols, les querelles de ménage conduisant au divorce, les sévices sur les enfants, les vols à main armée, sont souvent commis au seuil de l’ivresse avancée.

jeudi 22 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

15 ATTENTION A LA COLERE ET AU RESSENTIMENT Nous avons déjà parlé de la colère dans cet ouvrage, mais vu l’ampleur des traumatismes qu’elle nous a causés, nous croyons que toute personne désireuse de solutionner un problème d’alcool doit y accorder une attention toute particulière. Cet état, peu importe que nous l’appelions hostilité, ressentiment ou colère, est, semble-t-il étroitement lié au phénomène d’absorption d‘alcool, et probablement plus profondément ancré chez l’alcoolique. Par exemple, une équipe de scientistes a fait enquête auprès d’un grand nombre d’hommes alcooliques et leur a demandé pourquoi ils s’enivraient. Ils ont reçu comme principale raison la suivante : « C’est pour pouvoir dire à quelqu’un ma façon de penser ». En d’autres mots, ces hommes trouvaient, quand ils étaient ivres, la force et la liberté d’exprimer une colère qu’ils arrivaient mal à manifester quand ils étaient abstinents.

Littérature - Vivre sans alcool

Quand on en est réduit à se parler à soi-même, la conversation risque de tourner en rond. De plus elle exclut les interventions pertinentes pouvant provenir d’une autre personne. Chercher à se convaincre de ne pas boire, équivaut à s’hypnotiser soi-même. Souvent, cela est aussi efficace que de tenter de persuader un animal en gestation de ne pas mettre bas alors que son terme est venu. C’est pour ces raisons que nous suggérons d’éviter la fatigue et la faim, en y ajoutant souvent une autre possibilité de danger, pour en faire une triple mise en garde : « N’attendez pas d’être trop fatigués, d’avoir trop faim, ou de vous sentir trop seuls ». Gardez-vous de tous les dangers. Dès qu’il vous vient à l’esprit de prendre un verre réfléchissez. Plus souvent qu’autrement, vous constaterez que vous êtes en proie à l’un ou l’autre de ces trois dangereux risques. Empressez-vous de le dire à quelqu’un. Déjà votre solitude sera moins lourde

mardi 20 janvier 2015

Littérature - "Vivre sans alcool"

Ces désirs et ces envies ont bien moins de chance de s’éveiller en nous si nous sommes en compagnie d’autres personnes, surtout si elles ne font pas usage d’alcool. Si les obsessions nous assaillent alors que nous sommes en présence de membres des AA elles nous paraissent plus faibles et plus faciles à écarter. Nous n’oublions pas que chacun doit se réserver quelques moments de temps à autre, soit pour rassembler ses idées, faire le point, exécuter un travail, régler un problème personnel, ou simplement pour se soustraire au stress quotidien. Mais nous avons constaté qu’il est dangereux de devenir trop indulgents à ce sujet, spécialement quand notre humeur tend vers le vague à l’âme ou à l’apitoiement. Toute présence, quelle qu’elle soit, vaut mieux qu’une solitude amère. Il peut nous arriver, évidemment, d’avoir le goût de boire, même pendant une réunion des AA. Tout comme on peut se sentir seul parmi la foule. Mais avec d’autres membres, on est beaucoup moins exposé à boire que seul dans notre chambre, ou retiré dans un coin sombre d’un bar-salon tranquille et désert.

lundi 19 janvier 2015

Littérature - "Vivre sans alcool"

Notre expérience personnelle pour se maintenir abstinent témoigne avec éloquence de la sagesse à recourir à tous les secours disponibles lorsqu’il s’agit de résoudre un problème d’alcool. Si grands qu’en aient été notre désir et notre besoin, aucun de nous ne s’est rétabli de l’alcool par ses propres moyens. Si nous avions pu nous en dispenser, nous n’aurions certainement pas fait appel au mouvement des AA, à un psychiatre ou à qui que ce soit. Comme personne ne peut vivre tout à fait seul, et que nous dépendons tos dans une certaine mesure les uns des autres, au moins pour certains biens et services, il nous a semblé raisonnable d’accepter cette réalité particulière et de la mettre à profit dans la lutte très importante pour triompher de notre alcoolisme actif. La tentation de boire s’infiltre en nous bien plus discrètement et sournoisement lorsque nous sommes seuls. Et quand l’ennui nous gagne, il semble que l’obsession de boire se fait plus forte et plus insistante.

dimanche 18 janvier 2015

Littérature - "Vivre sans alcool"

Mais nous savons maintenant que nous n’en sommes pas réduits à nos seules ressources personnelles. Il est beaucoup plus sensé, prudent et sûr, d’entreprendre le voyage en compagnie d’un joyeux équipage voguant vers la même direction. Nous n’avons nullement à avoir honte de demander du secours, puisque nous nous aidons tous les uns les autres. Il n’est pas plus lâche d’appeler à l’aide pour solutionner un problème d’alcool que d’utiliser une béquille pour une jambe fracturée. Une béquille est un objet précieux pour ceux qui en ont besoin et pour ceux qui en connaissent l’utilité. L’aveugle fait-il acte d’héroïsme lorsqu’il trébuche et tâtonne, seulement parce qu’il ou elle dédaigne l’aide facilement disponible ? Il arrive parfois qu’une conduite téméraire, voire même entièrement inutile, fasse l’objet d’éloges immérités. Mais l’entraide mutuelle, toujours plus efficace, devrait recevoir plus de louanges et d’admiration.

samedi 17 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Les rires qui ont fusé de l’auditoire ce soir-là étaient particulièrement spontanés et affectueux. Nombreux étaient ceux qui se reconnaissaient pour avoir connu les mêmes malaises. A se sentir ainsi maladroit et inadapté à quarante ans (ou même à vingt ans, aujourd’hui), on pourrait se trouver pathétique, ou même grotesque, si ce n’était de toutes ces réunions bondées de membres des AA compréhensifs, s’identifiant aux mêmes angoisses, et maintenant capables d’en rire. C’est avec le sourire que nous pouvons faire de nouveaux efforts, jusqu’à ce qu’ils soient couronnés de succès. Il n’y a plus lieu de rougir en secret de nos échecs, ni de recourir à nos tentatives habituelles toujours désespérées en vue d’obtenir une certaine sécurité sociale dans la bouteille, alors que nous n’y avons trouvé que solitude. Ce n’est ici qu’un exemple extrême illustrant combien certains étaient désemparés lorsqu’ils ont mis la voile vers la sobriété. Il démontre les dangers de perdition encourus par l’aventurier solitaire. Peut-être n’aurions-nous qu’une chance sur un million de nous rendre au terme du voyage.

vendredi 16 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Un membre s’adressant à un groupe des AA disait un jour que boire, de l’adolescence à la quarantaine, avait été pour lui une occupation à temps plein et qu’il avait passé outre les expériences normales propres à tous les jeunes gens nord-américains lors de leur croissance. Et voilà que, parvenu à la quarantaine, il se retrouvait sobre. Il savait boire et fanfaronner, mais il n’avait jamais appris de métier ni de profession, et il ignorait presque tout des bonnes manières. « C’était impensable, disait-il, je ne savais même pas comment donner rendez-vous à une fille, et l’ayant fait, comment me comporter ! Dans mon ignorance, j’ai découvert qu’il n’existe aucun cours en fréquentations pour un célibataire de quarante ans. »

jeudi 15 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Au début nous sommes maladroits, autant pour aller chercher de l’amitié que pour accepter celle qu’on vient nous offrir. Nous ne savons pas très bien nous y prendre et doutons du résultat de nos démarches. Et il y a cette crainte accumulée, alourdie du poids des années, qui nous paralyse. C’est pourquoi, lorsque nous commençons à nous sentir seuls, peu importe que nous le soyons physiquement ou non, nous pouvons facilement être influencés par nos vieilles habitudes et rechercher le baume de l’alcool. De temps à autre, certains ont même le goût de tout abandonner et de retournée à leur détresse passée. Au moins, cette situation nous est familière et n’exigerait pas de nous beaucoup d’efforts pour retrouver toute notre compétence de buveurs professionnels.

mercredi 14 janvier 2015

Littérature - "Vivre sans alcool"

Bien au contraire, puisque depuis des décades le nombre de gens qui trouvent l’abstinence chez les AA s’accroît chaque année, nous devons nous rendre à l’évidence incontestable que notre rétablissement de la solitude de l’alcoolisme peut être authentique et permanent. Par contre, ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut surmonter certaines habitudes de méfiance et autres mécanismes de défense profondément ancrés en nous depuis plusieurs années. Nous sommes devenus absolument conditionnés à penser et à agir comme des incompris et des malaimés, que nous l’ayons réellement été ou non. Nous sommes habitués à nous comporter en solitaires. Ainsi, après avoir cessé de boire, il nous faut parfois y mettre un peu de temps et de patience pour nous défaire de cette solitude coutumière. Même si nous commençons à croire que nous ne sommes plus seuls, il nous arrivera encore de nous comporter et de penser selon nous vieilles habitudes.

mardi 13 janvier 2015

Littérature - "Vivre sans alcool"

Nous avons abrité notre égocentrisme craintif sous une coquille fragile, qui s’est fissurée sous l’effet de l’honnêteté d’autres alcooliques rétablis .Nous avons eu conscience, avant même de pouvoir l’exprimer, d’avoir trouvé un refuge et de voir notre solitude se dissiper rapidement. Le mot soulagement n’est pas suffisant pour traduire notre première réaction. Il s’y mêle aussi de l’émerveillement et presqu’une certaine appréhension. Serait-ce trop beau pour être vrai ? Et pour durer ? Après quelques années de sobriété, les membres peuvent certifier à tout néophyte assistant à une réunion des AA que c’est bien la réalité, tout à fait authentique, et qui continue. Il ne s’agit tout simplement pas d’un de ces faux départs comme nous en avons trop souvent connus. Il ne s’agit pas seulement d’une autre explosion de joie, suivi d’un cruel désappointement.

dimanche 11 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Mais une fois l’effet de l’alcool dissipé, nous nous retrouvions encore plus isolés, plus rejetés, plus « différents » que jamais, et profondément tristes. Si nous ressentions de la culpabilité ou de la honte, soit de notre ébriété même, ou de ses effets, notre sentiment d’isolement s’en trouvait accentué. A certains moments et à cause de notre conduite, nous en venions à craindre en secret ou même à croire que nous méritions cet ostracisme. Nous nous disions en nous-mêmes : « Se pourrait-il que je sois un intrus ? » (Tels sont peut-être vos propres sentiments lorsque vous évoquez votre dernière cuite ou son pénible lendemain.) La route déserte qui s’étendait devant nous paraissait morne, sombre et interminable. Il était si douloureux d’en parler, même d’y penser, que nous nous empressions de retourner boire.

Littérature - Vivre sans alcool

14 SE PROTEGER DE LA SOLITUDE On décrit l’alcoolisme comme « la maladie de la solitude » et peu d’alcooliques rétablis contestent cette opinion. En évoquant les derniers mois ou les dernières années de notre alcoolisme, des centaines de milliers d’entre nous se rappellent les sentiments d’isolement qu’ils éprouvaient, même au milieu de joyeux fêtards. Nous entretenions souvent un profond sentiment de non appartenance au moment même où nous nous comportions en êtres chaleureux et sociables. Plusieurs ont dit qu’ils avaient commencé à boire pour « faire partie de la bande ». Ils avaient l’impression qu’il leur fallait boire pour « s’intégrer », pour sentie qu’ils appartenaient au genre humain. Il est visible toutefois qu’en buvant de l’alcool, nous poursuivions un objectif égocentrique : autrement dit, c’est bien dans notre propre corps que nous déversions cet alcool et que l’effet s’en répandait. Parfois, il nous rendait temporairement plus sociable ou calmait notre sentiment d’isolement.

vendredi 9 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Une fois abstinents, nous avons fait appel à ce même slogan pour ordonner nos nouveaux temps libres. Nous essayions d’établir notre programme d’activités quotidiennes sans jamais cependant le surcharger, en tenant compte de l’importance de nos tâches. Comme autre objectif « primordial », nous avons mis en tête de liste notre état général de santé, sachant que le surmenage ou la malnutrition pourrait être dangereux ? Durant notre alcoolisme actif, nous avons vécu de façon plutôt déréglée et souvent dans une confusion telle que nous nous sentions instables, voire même désespérés. Nous avons découvert qu’il est plus facile de ne pas boire en mettant de l’ordre dans notre vie quotidienne, sans pour cela cesser d’être réalistes et tout en conservant une certaine souplesse. Le rythme du mode de vie que nous avons adopté nous procure de l’apaisement et une certaine discipline fondée sur le sage principe résumé dans notre slogan : « l’important d’abord ».

jeudi 8 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Remarquons que l’indécision n’est pas le lot exclusif des alcooliques en rétablissement, mais nous en sommes peut-être plus affectés que d’autres. La maîtresse de maison, abstinente depuis peu, se demande à quelles tâches de nettoyage elle doit donner priorité ? L’homme d’affaire hésite entre retourner ses appels téléphoniques ou dicter certaines lettres. Dans plusieurs domaines de notre vie, nous voulions rattraper le temps perdu au détriment de certaines tâches et obligations. Evidemment, nous ne pouvions tout entreprendre à la fois. Alors, « l’important d’abord » nous a secourus. Si l’alcool se trouvait impliqué dans un des choix à faire, cette décision méritait priorité. Sans l’abstinence, nous savions qu’il n’était pas question de nettoyage, d’appels téléphoniques ni de correspondance.

mercredi 7 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

En fait nous comprenons qu’il nous faut, jour après jour et à n’importe quel prix, prendre tous les moyens nécessaires pour ne pas boire. Certains nous demandent : « Entendez-vous par là que l’abstinence a priorité sur votre famille, votre emploi et l’opinion de vos amis ? ». La réponse est simple si nous considérons l’alcoolisme comme une question de vie ou de mort. Sans santé et sans vie, que deviennent pour nous famille, emploi et amis ? Si nous apprécions notre famille, notre emploi et nos amis, nous devons tout d’abord préserver notre vie pour mieux en profiter. « L’important d’abord » a également plusieurs autres significations valables pour combattre notre problème d’alcool. Ainsi, plusieurs ont remarqué qu’après avoir cessé de boire, ils semblaient être plus lents à prendre des décisions. Elles paraissaient de plus en plus difficiles à prendre, oscillant entre le oui et le non.

mardi 6 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

13 L’IMPORTANT D’ABORD Voici un vieil adage qui, pour nous, prend une signification toute spéciale et particulière. Exprimé simplement, il indique que par-dessus tout, nous devons nous rappeler que nous ne pouvons pas boire. Pour nous, ne pas boire est la première priorité, en tout lieu, à toute heure, et en toutes circonstances. Il y va expressément de notre survie. Nous avons appris que l’alcoolisme est une maladie mortelle, causant la mort de différentes façons. Nous préférons ne pas risquer d’aggraver la maladie par un verre d’alcool. Son traitement, tel que reconnu par l’American Medical Association, « consiste avant tout à ne pas boire d’alcool ». Notre expérience personnelle confirme cette thérapie.

lundi 5 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Il peut être profitable de se sentir effrayé et peut-être malheureux à la seule pensée de boire, ne serait-ce qu’en rêve. Il faut peut-être y voir un indice que nous commençons vraiment à comprendre, jusqu’au tréfonds de nous-mêmes, que l’alcool nous est néfaste. Mieux vaut l’abstinence, même en rêve. Ce qui est merveilleux dans un sommeil sobre, une fois qu’on y est parvenu, c’est le plaisir même du réveil, d’un réveil sans les malaises de l’ivresse, sans les soucis de notre comportement inconscient de la veille. Au contraire, c’est frais et dispos, pleins d’espoir et de reconnaissance, que nous débuterons cette nouvelle journée.

dimanche 4 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Il peut être utile de signaler un autre phénomène étrange relatif au sommeil après l’abandon de l’alcool. Longtemps après avoir renoncé à l’alcool, il arrive à plusieurs de s’éveiller un matin ou certaines nuits, pour constater qu’ils venaient de rêver intensément qu’ils buvaient. Un nombre suffisant de membres ont fait de tels rêves pour savoir qu’ils sont fréquents et inoffensifs. L’interprétation des rêves ne relevant pas de la compétence de AA, nous ne sommes pas en mesure de révéler leur signification cachée, s’il en est une, au même titre que les psychanalystes et autres onirologues. Afin de vous éviter toute surprise, nous nous contentons de vous signaler que de tels rêves peuvent survenir. Parmi les rêves les plus fréquents, nous évoquons celui qui nous représente ivres et stupéfiés de l’être, sans souvenance aucun d’avoir pris un verre. Il arrivera même qu’on se réveille avec des frissons, des tremblements et autres séquelles de l’ivresse, sans que, bien sûr, on n’ait pris une goutte depuis des mois. Ce n’était qu’un mauvais rêve qui peut surgir sans raison, bien, bien longtemps après le dernier verre.

samedi 3 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Si le malaise persiste, il est peut-être recommandable de consulter un médecin spécialisé en alcoolisme. Nous avons appris de source sûre que les somnifères, de quelque nature qu’ils soient, sont contre-indiqués pour les alcooliques. Suivant notre expérience répétée, ils conduisent presque invariablement au premier verre. Connaissant le danger de ces médicaments, nous avons toléré ce léger malaise pendant un certain temps, jusqu’à ce que notre corps ait retrouvé l’habitude d’un sommeil normal. Une fois passé le malaise temporaire, quand le rythme naturel du sommeil prend le dessus, nous pouvons constater que l’effort en valait grandement la peine.

vendredi 2 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

D’autre part, il est sage de réviser nos autres habitudes de vie afin de vois si nous ne serions pas nous-mêmes responsables de nos insomnies : trop de caféine le soir ? Avons-nous une bonne alimentation ? Faisons-nous assez d’exercice ? Notre système digestif s’est-il rétabli ? Il faut y mettre le temps. Plusieurs vieilles recettes fort simples aident à combattre l’insomnie, comme boire un verre de lait chaud, respirer profondément, prendre un bain chaud, lire un livre ennuyeux ou écouter de la musique douce. Certains préfèrent des procédés plus originaux : un alcoolique rétabli suggère de boire chaud un soda au gingembre additionné de poivre ! (Chacun ses goûts !) D’autres s’en remettent à quelque massage spécial, au yoga ou à divers remèdes suggérés dans les ouvrages traitant de ce sujet. Nous pouvons nous reposer en demeurant étendus, immobiles, les yeux fermés pour attendre le sommeil. Personne ne saurait le trouver en faisant les cent pas ou en bavardant et en buvant du café toute la nuit.

jeudi 1 janvier 2015

Littérature - Vivre sans alcool

Sans généraliser, des milliers de membres pourraient nous décrire leur insomnie après avoir cessé de boire. Le système nerveux met en effet quelque temps à s’habituer à (ou ordinairement à retrouver) un sommeil régulier et ininterrompu sans l’influence de l’alcool. Le plus grave est que la crainte de l’insomnie rend le sommeil encore plus difficile. A ce sujet, le premier conseil que l’on se donne mutuellement est : « Ne vous inquiétez pas. Jamais personne n’est mort d’insomnie. Quand le corps est assez fatigué, le sommeil vient. » Et c’est bien ce qui arrive. Puisque l’insomnie servait souvent d’excuse pour « prendre un verre ou deux », nous convenons qu’une nouvelle attitude à cet égard aide à ne pas boire. Au lieu de se retourner dans leur lit et de se tourmenter, certains en prennent leur parti, se lèvent et entreprennent de lire et d’écrire jusqu’aux petites heures.