Les
rires qui ont fusé de l’auditoire ce soir-là étaient particulièrement spontanés
et affectueux. Nombreux étaient ceux qui se reconnaissaient pour avoir connu
les mêmes malaises. A se sentir ainsi maladroit et inadapté à quarante ans (ou
même à vingt ans, aujourd’hui), on pourrait se trouver pathétique, ou même
grotesque, si ce n’était de toutes ces réunions bondées de membres des AA
compréhensifs, s’identifiant aux mêmes angoisses, et maintenant capables d’en
rire. C’est avec le sourire que nous pouvons faire de nouveaux efforts, jusqu’à
ce qu’ils soient couronnés de succès. Il n’y a plus lieu de rougir en secret de
nos échecs, ni de recourir à nos tentatives habituelles toujours désespérées en
vue d’obtenir une certaine sécurité sociale dans la bouteille, alors que nous n’y
avons trouvé que solitude.
Ce
n’est ici qu’un exemple extrême illustrant combien certains étaient désemparés
lorsqu’ils ont mis la voile vers la sobriété. Il démontre les dangers de
perdition encourus par l’aventurier solitaire. Peut-être n’aurions-nous qu’une
chance sur un million de nous rendre au terme du voyage.
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