mardi 31 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
25
ECHAPPER AU PIEGE DES « SI »
Les
problèmes émotifs avec les gens sont loin d’être les seuls facteurs extérieurs
menaçant dangereusement notre sobriété. Certains ont inconsciemment tendance à
l’assujettir à d’autres conditions.
Voici
comment s’exprime un membre des AA : « Nous, les ivrognes(*), sommes
amateurs du mot « SI ». Durant notre période active, nous étions
souvent aussi pleins de si que d’alcool. Bon nombre de nos rêveries s’amorçaient
sur un si seulement … Et nous
répétions sans cesse que nous ne serions pas devenus ivres si telle ou telle chose n’était pas arrivée ou que nous n’aurions
aucun problème d’alcool si seulement …
(*) Certains membres des AA s’identifient
comme des « ivrognes », peu importe leur durée d’abstinence. D’autres
préfèrent le mot « alcooliques ». Les deux se défendent très bien. « Ivrogne »
dit d’un ton enjoué, maintient notre ego à de justes proportions et nous
rappelle notre fragilité devant un verre. Le mot « alcoolique » est
également approprié, tout en ayant une portée plus conforme à l’idée
généralement répandue que l’alcoolisme est une maladie tout à fait respectable
et non une complaisance bienveillante.
lundi 30 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Vous
pouvez facilement vous croire l’exception à cette règle. Abstinents de fraîche
date, vous pouvez penser en toute bonne foi que vous avez enfin trouvé le grand
amour, ou que votre présente aversion, tenace en dépit de votre sobriété,
signifie que cette relation a toujours été une erreur à la base. Dans un cas
comme dans l’autre, vous avez peut-être
raison, mais pour le moment, il vaut mieux attendre pour voir si votre attitude
ne changera pas.
A
maintes reprises avons-nous vu de tels sentiments se transformer de façon
drastique en quelques mois d’abstinence. C’est ainsi qu’en invoquant notre slogan « L’important
d’abord » nous nous sommes félicités de nous en être tenus uniquement à ne
pas boire, évitant tout risque d’orage
émotif.
Les
liaisons irréfléchies ou prématurées sont néfastes à notre rétablissement. Quand
en plus de l’abstinence, nous aurons atteint un certain niveau de maturité,
alors seulement serons-nous en mesure de nouer des relations adultes avec d’autres
personnes.
dimanche 29 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Avec
les années, nous avons acquis la ferme conviction qu’aucune décision importante
ne doit être prise en début d’abstinence, à moins qu’il soit impossible de la
reporter. Cet avertissement vaut particulièrement pour les décisions affectant
des personnes, car elles sont fortement chargées d’émotivité. Il n’est pas
opportun, au cours des premières semaines, de s’engager dans es changements
importants.
De
plus, il s’est avéré nettement désastreux de faire dépendre notre sobriété
d’une personne qui nous tient à cœur. Il est malsain pour notre rétablissement
de dire : « Je resterai abstinent si un tel fait ceci ou cela ».
il nous faut demeurer abstinents pour nous-mêmes, peu importe ce que les autres
font ou ne font pas.
Nous
devrions aussi nous rappeler qu’une haine intense produit un désordre émotif et
est souvent l’envers d’un ancien sentiment amoureux, il nous faut calmer toute
exagération émotive pour éviter de chavirer à nouveau dans l’alcool.
samedi 28 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Notre
fragilité émotive peut aussi affecter nos sentiments envers nos parents et amis
de toujours. Généralement, ces relations semblent se normaliser au rythme même
de notre rétablissement. certains traverseront une période délicate au foyer;
devenus abstinents, nous devons réévaluer nos sentiments à l’égard de notre
conjoint, de nos enfants, de nos frères st sœurs, de nos parents ou voisins, et
revoir également notre comportement. Il en est ainsi envers nos collègues de
travail, nos clients, nos employés ou nos employeurs.
(Souvent
notre alcoolisme a produit un choc émotif si grave sur nos proches qu’eux aussi
ont besoin d’aide pour s’en sortir. Ils peuvent s’adresser aux groupes familiaux
Al-Anon ou Alateen. [Consultez votre annuaire téléphonique.] Même si ces
associations ne sont pas officiellement reliées aux AA, elles lui ressemblent
beaucoup et permettent à nos parents et amis de vire mieux, grâce à une
meilleure connaissance de l’alcoolisme et de sa condition.)
vendredi 27 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Nous
avons souvent été témoins de rechutes provoquées ainsi. Dans l’euphorie et la
joie de nos premiers moments de bien-être, il est tellement facile de s’amouracher
de nouvelles connaissances, tant chez les AA qu’ailleurs, surtout si elles nous
manifestent un intérêt sincère ou une certaine admiration. Le ravissement
soudain que nous en ressentons peut nous induire fortement à boire.
Des
émotions inverses peuvent également se produire. Pendant un certain temps en
début d’abstinence, nous pouvons avoir l’impression d’être tellement las, que
nous sommes presque indifférents à toute affection. (Selon les médecins, durant
cette même période, il est fréquent de perdre pendant plusieurs mois tout
intérêt ou même presque toute puissance sexuelle mais, une fois rétablis, ce
problème se résout superbement de lui-même ; nous en savons quelque chose !)
Jusqu’à ce que nous soyons rassurés que cette lassitude est temeporaire, la
nostalgie de l’alcool peut exercer une fascination fort dangereuse.
jeudi 26 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Plusieurs
disaient boire à cause d’un manque d’affection, nous voyant rôdant des pars aux
« parties » un verre à la main, toujours en quête d’amour. D’autres semblaient
jouir de tous les liens affectifs désirés mais n’en continuaient pas moins de
boire. Quoi qu’il en soit, l’alcool n’a certainement pas facilité notre
compréhension de l’amour véritable ni notre capacité de l’atteindre et de le
vivre si nous le rencontrions. Au contraire, notre vie de buveurs nous a
laissés vide sur un plan émotif, déchirés, meurtris, sinon carrément tordus.
Ainsi,
comme en dénote notre expérience, nos débuts dans l’abstinence sont facilement
des périodes de grande vulnérabilité émotive. S’agirait-il d’un effet
pharmacologique de l’alcool ? S’agirait-il
de la condition normale d’une personne se rétablissant d’une longue et
grave maladie ? Serait-ce l’indice d’une déficience marquée de la
personnalité ? Peu importe la réponse. Quelle qu’en soit la cause, notre
condition requiert beaucoup d’attention car la tentation de boire peut alors
revenir plus rapidement que l’éclair.
mercredi 25 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
24
EVITER LES SITUATIONS EMOTIVES COMPLIQUEES
Tomber
amoureux de son médecin, de son infirmière ou d’un camarade d’hôpital est
classique. Les alcooliques en voie de rétablissement sont tous exposés à ce
genre de fièvre. A vrai dire, l’alcoolisme ne semble immuniser contre aucune
condition humaine connue.
Suivant
un très vieux dicton, le chagrin est le produit d’un cœur trop pressé. Il en
est ainsi pour d’autres difficultés, y compris une rechute alcoolique.
A
l’époque où nous buvions, nous consacrions énormément de temps à ressasser nos
relations personnelles intimes. Que nous recherchions des attachements
temporaires ou des « relations durables et profondes », nous étions
toujours préoccupés soit par nos liens affectifs ou soit par l’absence de ces
liens.
mardi 24 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Naturellement,
le verdict des médecins, psychologues ou autres spécialistes, ne concorde pas
toujours exactement avec les sujets que nous abordons dans ce manuel ; et
c’est très bien ainsi. Comment pourrait-il en être autrement ? Ils n’ont
pas été personnellement affectés par l’alcoolisme comme nous et rares sont ceux
qui ont observés aussi longtemps que nous autant de buveurs malades. Par contre,
nous ne bénéficions pas de la formation et de la discipline professionnelles
qui les ont rendus aptes à exercer une expertise.
Il
ne s’ensuit pas qu’ils aient raison et que nous ayons tort, ou vice versa. Nous
avons, de part et d’autre, des rôles et des responsabilités différents auprès
des alcooliques.
A
cet égard, puissiez-vous avoir autant de chance que beaucoup d’entre nous. Par
centaines de milliers, nous sommes profondément reconnaissants à ces
innombrables hommes et femmes de toutes professions qui nous sont venus en aide
ou qui ont tenté de le faire.
lundi 23 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Bien
sûr, il est sage de puiser à même l’abondante sagesse accumulée par les
alcooliques déjà bien engagés sur la voie du rétablissement. Mais ce qui est
efficace pour certains ne l’est pas nécessairement pour vous. Chacun de nous
doit personnellement accepter l’ultime responsabilité de ses faits et gestes ou
de sa passivité. Il nous appartient d’en décider.
Après
avoir envisagé toutes les hypothèses, consulté vos amis, pesé le pour et le
contre, il vous revient finalement de décider de recourir à des soins
professionnels. Que vous deviez ou non prendre de l’antabuse, suivre une
psychothérapie, retourner aux études ou changer d’emploi, subir une opération,
vous soumettre à un régime, cesser de fumer, vous conformer ou non à l’avis de
votre avocat pour vos taxes, il vous revient en propre d’en décider. Nous
respectons votre droit d’agir à votre guise et même de changer d’opinion,
d’après les circonstances.
dimanche 22 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Aujourd’hui,
nous sommes conscients que notre comportement nous a privés de judicieux
conseils ou de soins adéquats alors nécessaires. Ces agissements préjudiciables
s’expliquent par la nature même de notre maladie. L’alcool est rusé et
déroutant. Il peut amener ses victimes à l’autodestruction, à l’encontre de
leur jugement personnel ou de leurs véritables désirs. Nous n’avons pas projeté
de plein gré de détruire notre santé ; notre dépendance vis-à-vis de
l’alcool ne faisait que se protéger contre toute intrusion médicale.
Nous
devons déceler un signal d’alarme si, maintenant que nous sommes abstinents,
nous essayons toujours de sous-estimer les professionnels compétents. L’envie
de boire serait-elle en train de s’infiltrer à nouveau ?
Par
exemple, il peut être difficile à un nouveau membre de bénéficier de secours
professionnels valables à cause d’opinions et de recommandations contradictoires
émises par d’autres alcooliques rétablis. De même que chacun possède le remède
miracle pour le lendemain de cuite ou un simple rhume, chaque personne que nous
connaissons a ses médecins préférés.
samedi 21 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Nous
ne nions pas que des alcooliques aient connu plusieurs expériences malheureuses
attribuables à certains professionnels, hommes et femmes. Mais elles se
retrouvent plus souvent chez les non alcooliques, du fait qu’ils sont plus
nombreux. On n’a encore jamais rencontré un médecin, pasteur ou avocat
absolument parfait prémuni contre toute erreur. En tant et aussi longtemps que
les malades existeront, il est probable qu’il se glissera toujours des erreurs
dans le traitement de la maladie.
En
toute franchise, nous devons admettre que les personnes souffrant d’alcoolisme
ne sont pas les plus faciles à traiter. Il nous arrive de mentir ou de ne pas
suivre les recommandations. Une fois rétablis, nous reprochons au médecin de
n’avoir pas su réparer plus tôt les ravages que nous avons mis des semaines,
des mois ou des années à nous faire. Nous n’étions jamais très pressés de payer
nos comptes. Et maintes et maintes fois, nous nous sommes efforcés de saboter
les soins et les sages conseils des professionnels pour prouver qu’ils avaient
tort. C’étaient de fausses victoires puisqu’au bout de compte, nous devions en
subir les conséquences.
vendredi 20 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Avoir
besoin d’aide n’est pas une marque de faiblesse et il ne faut pas en avoir
honte. Se priver « par fierté » du soutien précieux d’un
professionnel dénote un orgueil mal placé. Il n’y a là que pure vanité e plus d’un
obstacle au rétablissement. Plus on acquiert de maturité, plus on recherche le
maximum de conseils et de secours.
En
étudiant les « histoires de cas » chez des alcooliques rétablis, il
devient évident que nous avons tous profité, à un moment donné, des services
spécialisés de psychiatres et autres médecins, de conseillers, de travailleurs
sociaux, d’avocats, de membres du clergé ou d’autres professions. Le livre de
base des AA, les Alcooliques anonymes, recommande spécifiquement de recourir à
ce genre d’aide (page 82). Fort heureusement nous n’avons relevé aucun conflit
entre la philosophie des AA et les sages conseils d’un professionnel compétent
en matière d’alcoolisme.
jeudi 19 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
23
RECOURIR AUX SERVICES PROFESSIONNELS
Il
est probable que tout alcoolique rétabli a eu besoin des services
professionnels que les AA n’offrent pas et les a recherchés, par exemple,
les deux fondateurs des AA, ont eu besoin du secours de médecins, d’hôpitaux et
de membres du clergé, et ils l’ont obtenu.
Devenus
abstinents, plusieurs de nos problèmes semblent disparaître. Mais certains
autres persistent ou apparaissent qui requièrent l’intervention professionnelle
d’un spécialiste, tel un obstétricien, un pédicure, un avocat, un pneumologue,
un dentiste, un dermatologue, ou quelque psychologue.
Comme
les AA n’offrent pas de pareils services, nous nous en remettons au milieu
professionnel pour trouver du travail, obtenir une orientation de carrière, des
conseils en relations familiales, pour des problèmes psychiatriques, et
plusieurs autres. Les AA ne fournissent pas d’aide financière, de nourriture,
de vêtements ni de logement aux buveurs maladifs. Mais il existe de bonnes
agences professionnelles et autres services particulièrement destinés à aider
tout alcoolique recherchant sincèrement l’abstinence.
mercredi 18 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Nous
pouvons aussi combattre l’apitoiement dès ses premiers symptômes par une comptabilité
instantanée. Pour chaque entrée de malheur débitée, nous trouvons un bienfait à
créditer. La santé, l’absence de maladie, les amis chers, le beau temps, la
perspective d’un bon repas, des membres indemnes, les gentillesses partagées,
un « vingt-quatre heures » sobre, une heure de travail profitable, un
bon livre à lire et de nombreux autres facteurs peuvent s’additionner pour
compenser le passif, cause de notre apitoiement.
La
même méthode peut servir à dissiper les « bleus » du temps des fêtes
qui, soit dit en passant, n’atteint pas que des alcooliques. Beaucoup d’autres
gens sombrent dans l’apitoiement à l’occasion des fêtes de Noël et du Nouvel
An, lors d’anniversaires de naissance ou autres. En membre des AA, nous
apprenons à déceler cette vieille tendance à entretenir la mélancolie,, à
ressasser la liste des personnes disparues, de celles qui nous ignorent, et à
déplorer que nous ne puissions offrir que de modestes présents alors que les
riches peuvent en offrir de plus coûteux. Maintenant que nous sommes sobres, nous
portons au grand livre, côté crédit, notre reconnaissance pour une bonne santé,
pour les êtres chers qui nous entourent, pour notre capacité d’aimer. Et une
fois de plus, le solde apparaît dans la colonne des crédits.
mardi 17 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Au
contraire, il faut nous extraire de cet enlisement et prendre un peu de recul
pour obtenir une perspective de soi juste et honnête. Une fois l’apitoiement
clairement identifié, nous pouvons commencer à le combattre autrement que par l’alcool.
Nos
amis peuvent nous être d’autant plus utiles qu’ils sont près de nous et
capables d’un échange à cœur ouvert. Ils peuvent percevoir la fausse note dans
nos plaintes et nous le signaler. Ou nous pouvons l’entendre nous-mêmes et
commencer à identifier nos véritables sentiments, tout simplement en les
exprimant à haute voix.
L’humour
est une autre arme efficace. La description de sa dernière crise d’apitoiement
faite par un membre au cours d’une réunion des AA provoque les plus fortes
explosions de rire et nous transporte, comme auditeurs, dans un kiosque à
miroirs déformants. Là, nous nous reconnaissons bien, des hommes et des femmes
adultes, aux prises avec des émotions de bébés. Malgré le choc possible, l’hilarité
générale allège la douleur et produit finalement un effet salutaire.
lundi 16 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
C’est
comme si nous portions sur notre dos un immense sac plein de mauvais souvenirs,
tels les douleurs et les rejets de notre enfance. Qu’une légère contrariété
légèrement semblable à ces souvenirs se produise 20 ans ou même 40 ans après,
voilà l’occasion rêvée de nous arrêter, de rouvrir le sac pour en sortir d’un
geste amoureux, l’une après l’autre, chacune de ces vieilles blessures et
malchances. Plongeant avec émotion dans nos souvenirs, nous les revivons
intensément l’un après l’autre, remplis de honte de nos fredaines d’enfant,
grinçant des dents de nos colères anciennes, nous remémorant nos vieilles
disputes, tremblant d’une peur presque oubliée ou refoulant peut-être une larme
ou deux au rappel d’un ancien chagrin d’amour.
Voilà
des cas extrême d’apitoiement authentique mais facilement identifiables par
quiconque en a déjà été témoin ou l’a déjà ressenti jusqu’à vouloir fondre en
larme, il consiste essentiellement en un repliement total sur soi-même. Nous
pouvons devenir si centrés sur notre petit moi, moi, moi, que nous en perdons
tout contact avec autrui. Il n’est pas facile de vivre avec quelqu’un comme ça,
à moins qu’il ne s’agisse d’un enfant malade. Alors, quand nous devenons ainsi
victime d’une pareille compassion, nous tentons de la dissimuler, particulièrement
à nous-mêmes ? mais là n’est pas la solution.
dimanche 15 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Certains
prennent plaisir à tourner le fer dans la plaie. De l’époque où nous buvions,
il subsiste souvent une habileté à jouer ce jeu inutile.
Nous
pouvons aussi manifester un talent singulier pour transformer la moindre
contrariété en catastrophe. Si le courrier nous apporte une facture de
téléphone énorme, une seule, nous déplorons être continuellement endettés, murmurant qu’il n’y aura jamais, jamais de fin. Si le soufflé se
dégonfle, nous accusons notre inaptitude passée et future à réussir quelque
chose. A la livraison de notre nouvelle voiture, nous marmonnons aussitôt :
« Avec ma veine habituelle, ce sera sûrement un … »
Si
vous avez complété cette phrase par le mot citron, vous faites partie du club.
samedi 14 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Nous
constatons, dès les premières rencontres avec des alcooliques rétablis venant
de partout à travers le monde, qu’in ne s’agit pas, bien sûr, uniquement de
« Moi ».
Plus
tard, nous nous rendons compte que nous avons commencé à nous réconcilier avec
cette question. Lorsque nous nous sommes résolument engagés dans la voie d’un
rétablissement agréable, il peut nous arriver, soir de trouver la réponse, ou
simplement de nous en désintéresser. Vous en prendrez conscience lorsque ce
phénomène se produira. Plusieurs croient avoir
identifié les causes probables de leur alcoolisme. Mais même dans la
négative, il n’en demeure pas moins que l’impératif essentiel consiste à
accepter que nous ne pouvons pas boire et à nous comporter en conséquence. Verser
une mer de larmes n’est pas très constructif.
vendredi 13 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Les
alcooliques ne sont pas les seuls ainsi. Qui peut se souvenir d’une maladie ou
d’une douleur de son enfance peut également se rappeler un certain soulagement
à crier sa souffrance, et une égale satisfaction un peu perverse à rejeter
toute consolation. Presque tout être humain peut, à l’occasion, se complaire
dans des lamentations puériles, du genre : « Laisse-moi
tranquille ! »
En
début d’abstinence, l’apitoiement s’exprime souvent ainsi : Pauvre de
moi ! Pourquoi ne puis-je pas boire comme les autres ? » (tous les autres ?) Pourquoi
faut-il que cela m’arrive à moi ? Pourquoi
faut-il que moi je sois
alcoolique ? Pourquoi moi ?
Ce
genre de réflexion est un merveilleux véhicule pour se diriger rapidement au
prochain bar. Récriminer sur des questions aussi insolubles équivaut à se
désoler d’être à notre époque plutôt qu’à une autre, ou sur cette planète
plutôt que dans une autre galaxie.
jeudi 12 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
22 CHASSER L’APITOIEMENT
Cette
émotion est si laide que personne le moindrement sain d’esprit ne veut admettre
qu’il la ressent. Même une fois devenus abstinentes, nous excellons toujours à
nous dissimuler à nous-mêmes que nous baignons dans une marre d’apitoiement. Nous
sommes prompts à négliger qu’il s’agit d’une tout autre émotion lorsque nous
avons le désagrément d’entendre quelqu’un nous dire que nous faisons
visiblement de l’apitoiement. ou bien nous pouvons, en in instant, inventer
jusqu’à treize raisons à la douzaine, toutes parfaitement valables, pour nous
justifier de nous prendre quelque peu en pitié.
Cette
souffrance dans laquelle nous nous complaisons par habitude nous poursuit
encore longtemps après notre désintoxication. L’apitoiement est un mirage
séduisant. Il est beaucoup plus facile d’y succomber que de choisir l’espoir,
la confiance ou une simple activité.
mercredi 11 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Avec
le temps, le système nerveux se rétablit et s’habitue à fonctionner sans l’aide
de quelque stupéfiant que ce soit, y compris l’eau-de-vie. Dès qu’il nous
devient plus confortable de vivre sans le concours de ces substances chimiques,
plutôt qu’avec elles, nous commençons à accepter comme normales nos propres
dispositions d’esprit, fussent-elles heureuses ou tristes, et à nous y fier.
Comme
résultat, nous obtenons la force de prendre des décisions saines, en toute
liberté, ne réagissant plus à des impulsions ou à des besoins de gratification
immédiate déclenchés par des produits chimiques. Nous sommes mieux en mesure
qu’auparavant d’évaluer tous les aspects d’une situation et de repousser nos
désirs de gratification immédiate, mieux en mesure de reconnaître notre réel
état de bien-être ainsi que celui de nos proches.
Substituer
les vraies valeurs de la vie à des produits chimiques ne nous intéresse plus,
maintenant que nous avons vraiment goûté au bonheur de vivre.
mardi 10 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Nous
sommes également prudents dans le choix des médicaments qui s’achètent sans
ordonnance médicale ; nous évitons les sirops pour la toux qui contiennent
de l’alcool, de la codéine ou des soporifiques, de même que tous ces comprimés,
ces poudres, ces analgésiques synthétisés, ces sirops ou ces inhalants
dispensés abondamment par des pharmaciens non agréés ou des anesthésistes amateurs.
Pourquoi
tenter la chance ?
Ce
n’est pas si difficile, croyons-nous, d’éviter de jouer avec le feu, et ceci,
uniquement par souci de santé et non de moralité. Avec les Alcooliques
anonymes, nous avons trouvé un mode de vie exempt de tout esclavage chimique
tellement plus satisfaisant que tout ce que nous avions expérimenté par le
truchement de drogues psychotropes.
Cette
sensation « magique » ressentie à l’absorption de l’alcool (ou autres
drogues) nous emprisonnait à l’intérieur de nous-mêmes. Nous ne pouvions
partager ces sensations factices avec personne. Aujourd’hui, nous prenons
plaisir à partager nos expériences et notre authentique joie de vivre
(dépourvue de stupéfiants) avec quiconque, à l’intérieur ou à l’extérieur du
Mouvement des AA.
lundi 9 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
La
deuxième nuit suivant l’opération, elle a demandé au médecin de lui administrer
une autre dose de morphine, alors qu’elle en avait déjà eu deux.
« Etes-vous souffrante ? » lui demanda-t-il.
« Non », répondit-elle. Puis elle
ajouta tout à fait innocemment : « Mais je pourrais le devenir tout à
l’heure ».
Au
sourire amusé de son médecin, elle a compris toute la portée de sa réponse.
D’une quelconque et mystérieuse façon, son esprit et son corps réclamaient déjà
la drogue.
Elle
a alors éclaté de rire, a passé outre son désir de morphine et n’en a plus jamais
ressenti le besoin. Cinq ans après cette anecdote, elle est toujours sobre et
se porte bien. Elle raconte parfois cet épisode lors d’assemblées des AA pour
illustrer sa conviction de la « prédisposition à la dépendance » pour
toute personne ayant eu un problème d’alcool, et cela même en période de
sobriété.
C’est
pourquoi nous nous assurons que notre médecin ou notre dentiste comprennent
bien nos antécédents personnels et soient assez familiers avec le problème de
l’alcoolisme pour reconnaître les risques que nous encourons avec les
médicaments.
dimanche 8 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Certains
membres observent des réactions adverses à une anesthésie locale pratiquée par
un dentiste. Au mieux, ils quitteront la chaise du dentiste dans un état de
nervosité qui persistera jusqu’à ce qu’ils
aient la possibilité d’aller s’étendre au calme pour laisser passer
l’effet. (Dans de tels cas, il sera judicieux de se faire accompagner par un
autre alcoolique rétabli).
Ces
expériences n’étant pas communes à tous, il est impossible de prédire les
circonstances pouvant déclencher de telles réactions. Il est toutefois opportun
et sage de révéler à notre dentiste, médecin ou anesthésiste toute la vérité
sur nos anciennes habitudes de consommation d’alcool (et de toute autre drogue,
s’il y a lieu) tout comme les autres faits relatifs à notre état de santé.
samedi 7 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Certains
parmi nous, après une longue période d’abstinence, sont tout à fait prêts à
garder de l’alcool à la maison pour en offrir à leurs invités non alcooliques.
Ces invités peuvent accepter d’en prendre ou de s’en abstenir à leur guise.
C’est leur droit le plus strict. Pour nous c’est la même chose. Nous n’avons
autant le droit de ne pas boire, que celui de boire et nous ne nous opposons
d’aucune manière à ce que les autres consomment de l’alcool. Nous sommes
simplement arrivés à la conclusion que l’alcool nous était néfaste et nous
avons trouvé des moyens de vivre sans lui, rendant notre existence tellement
plus heureuse qu’à l’époque de nos beuveries.
Pas
tous, mais plusieurs, ont constaté que leur organisme avait développé une tolérance
permanente aux médicaments anti douleur, si bien que ce dernier requiert une
dose plus forte que les normes habituelles lorsque surgit un besoin médical
d’analgésiques ou d’anesthésiques.
vendredi 6 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Il
est clair, même pour ceux d’entre nous qui n’y ont jamais eu recours, qu’elles
représentent un vrai danger parce que nous en avons si souvent été témoins.
Toutes ces substances peuvent facilement faire resurgir notre besoin de
« gratification orale » pour une certaine forme d’extase ou de
tranquillité intérieure. Et il semble que le pas vers l’alcool sera vite
franchi d’autant plus vite que nous aurons eu une ou deux expériences
d’absorption de drogue sans préjudices immédiat ou imminent.
Le
mouvement des AA ne se veut d’aucune manière une ligue anti marijuana ou anti
drogues. Comme entité, nous ne prenons aucune position, soit morale, soit
légale, pour ou contre la mari ou autre substance connexe. (Chacun des membres
des AA a le droit d’exercer son libre arbitre à ce sujet et de faire comme bon
lui semble).
La
position des AA envers les drogues est sensiblement la même que celle qu’elle
prend (ou plutôt qu’elle ne prend pas) vis-à-vis de l’alcool. Nous ne sommes
pas une ligue anti alcoolique et nous ne nous objectons pas à sa consommation
pour les milliers de gens qui peuvent en consommer sans se nuire ou nuire à
d’autres.
jeudi 5 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Il
est probable que ce désir puissant, voisin du besoin, pour des substances
psychotropes (qui agissent sur le psychisme) puisse être profondément ancré
chez n’importe quel grand buveur.
Il
nous est arrivé à maintes reprises de constater que même si techniquement, en
termes pharmacologiques, un médicament ne produit aucun besoin physiologique il
est facile de s’y habituer et d’en devenir dépendant. Cette disposition serait
imputable davantage à une « inclination intérieure à la dépendance »
qu’à une vertu de la drogue elle-même. Certains parmi nous estiment que nous
sommes devenus des êtres « dépendants » et notre expérience vient
renforcer cette notion.
Nous
faisons donc de sérieux efforts pour éviter la marijuana, la cocaïne, le hasch,
les hallucinogènes, les sédatifs, les stimulants ainsi que toutes drogues,
panacées ou tranquillisants disponibles en pharmacie.
mercredi 4 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
La
seule responsabilité que nous puissions assumer et de vous partager notre expérience.
Plusieurs
d’entre nous avons usé d’alcool comme d’un médicament, soit pour nous sentir
plus à l’aise et moins malade.
Et
nous sommes des milliers qui avons aussi utilisé d’autres drogues. Nous avons
trouvé des stimulants chimiques qui semblaient nous aider à nous relever de nos
cuites ou de nos dépressions (jusqu’à ce que leur effet s’amenuise). Nous avons
également substitué à l’alcool des sédatifs et des tranquillisants dans le bit
de calmer nos angoisses, des bromures, des elixirs, ainsi que des médicaments
de toutes sortes disponibles au comptoir (plusieurs d’entre eux considérés
comme ne créant pas l’accoutumance) dans le but de nous aider à dormir, à nous
donner plus d’énergie, faire taire nos inhibitions ou tout simplement pour
provoquer un état de bien-être illusoire.
mardi 3 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
21
S’ABSTENIR DES DROGUES OU MEDICAMENTS DANGEREUX
L’usage
de substances chimiques pour modifier les états d’âme est très répandu. Les
êtres humains y ont eu recours depuis le début de la civilisation. L’alcool
éthylique a sans doute été la première de ces substances et, de tout temps, la
plus populaire.
Certaines
de ces substances chimiques ont des propriétés médicinales reconnues et
bénéfiques lorsqu’elles sont prescrites par des médecins compétents, qu’elles
sont absorbées conformément à l’ordonnance et que leur usage est suspendu dès
qu’elles ne sont plus requises médicalement.
Nous,
membre des AA, n’étant pas médecins, n’avons certes pas la compétence voulue
pour prescrire des médicaments à qui que ce soit. Nous ne pouvons non plus
recommander à quelqu’un de s’abstenir de prendre des médicaments prescrits par
un médecin.
lundi 2 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Quand
un ami nous offre « un verre », il entend normalement vous proposer
un verre ou deux de politesse. Mais si nous prenons soin de nous remémorer toute
la souffrance rattachée à notre dernière cuite, nous ne sommes pas dupes de
notre ancienne conception d’un « verre ». Pour nous, et à partir de
maintenant, l’implacable vérité physiologique nous enseigne qu’un verre
équivaut sans contredit à une cuite tôt ou tard, et aux troubles inévitables
qui en découlent.
Prendre
un verre n’évoque plus pour nous la musique, les éclats de rire et la
galanterie, mais plutôt la maladie et le malheur.
Un
membre des AA s’exprima ainsi : « Je sais maintenant que je ne peux
plus m’en tirer pour seulement quelques minutes et un dollar au bar si je m’y
arrête de nouveau. Ce verre pourrait me coûter mon compte en banque, ma
famille, ma maison, ma voiture, mon emploi, ma santé, et probablement ma vie.
Le prix est trop élevé, le risque trop grand ».
C’est
de sa dernière cuite qu’il se souvient, et non de son premier verre.
dimanche 1 juillet 2012
VIVRE SANS ALCOOL
Au
contraire, infailliblement, nous buvions jusqu’à dépasser cette mesure pour
ensuite aboutir dans quelque pétrin. Il pouvait simplement s’agir d’un malaise
intérieur, d’une vague suspicion
concernant notre abus possible d’alcool, mais aussi de querelles conjugales, de
problèmes d’emploi, de maladies ou d’accidents graves, d’ennuis légaux ou
financiers.
En
conséquence, lorsqu’on nous offre un verre, nous essayons maintenant de nous
rappeler toute la kyrielle des conséquences déclenchées par « un seul
verre ». Nous poursuivons cette vision jusqu’au bout, jusqu’à notre
dernière et misérable cuite et ses malaises du lendemain.
Inscription à :
Articles (Atom)