samedi 30 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire, p21/22
Je suis
immédiatement devenu calme et détendu. Il n’y a pas eu d’éclair ni de tonnerre,
même pas une petite voix douce. J’avais peur. Je ne savais pas ce qui était
arrivé. Je me suis endormi et quand je me suis réveillé le lendemain matin j’étais
frais et dispos, et j’avais faim. La chose la plus merveilleuse était que pour
la première fois de ma vie, ce voile de peur sombre et mystérieux s’était levé.
Ma première pensée a été d’écrire à ma femme pour lui raconter l’expérience, et
je l’ai fait. Imaginez d’être capable d’écrire une lettre considérant l’état
dans lequel je me trouvais la nuit précédente !
Je suis
certain que plusieurs décriraient cette expérience comme un exemple d’ « abandon
à Dieu ». Pas moi ! Je m’étais accroché à ce fil ténu de ma volonté
jusqu’à ce qu’il se brise et alors j’ai été saisi par les « bras éternels ».
Il a fallu que je sois réduit à l’impuissance, comme un noyé qui se bat avec
son sauveteur.
vendredi 29 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire, p21
NOYADE
Avant d’entrer
dans un centre de traitement pour alcooliques, j’avais connu une période d’abstinence
chez les Alcooliques anonymes. Je sais maintenant que j’étais allé chez les AA
pour sauver mon mariage, mon emploi et mon foie mais à l’époque, personne n’aurait
pu me convaincre que je n’avais pas recherché les AA pour des raisons valables.
En sept mois, mon foie était rétabli et je me suis enivré pendant six semaines
pour aboutir finalement au centre de traitement.
J’ai su
lors de ma huitième nuit dans ce centre que j’étais mourant. J’étais tellement
faible que je ne pouvais respirer qu’à petits souffles très espacés. Si on
avait déposé un verre d’alcool à un pouce de ma main, je n’aurais pas eu la
force de le prendre. Pour la première fois de ma vie j’étais aculé au mur et je
ne pouvais pas combattre, tricher, mentir, voler ou soudoyer. J’étais pris au
piège et pour la première fois de ma vie j’ai murmuré une prière sincère :
« Mon Dieu, s’il-te-plaît, aide-moi. » Je n’ai pas marchandé avec Lui ;
je ne Lui ai pas suggéré quand ni comment Il devait m’aider.
jeudi 28 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire, p 21/21
[ … ] En
moins de quinze secondes, ce pouvoir formidable m’a atteint, est resté à peu
près cinq secondes et lentement, s’est retiré de son point d’origine. Il est
impossible de décrire la sensation de soulagement que ce courant magnétique m’avait
apporté. A ma façon maladroite, j’ai remercié Dieu, je me suis couché et j’ai
dormi comme un enfant.
Depuis ce
matin mémorable il y a vingt-trois ans, je n’ai jamais eu le désir de boire quoi
que ce soit d’intoxiquant. Durant mes années chez les AA, j’ai eu le privilège
d’entendre un autre membre décrire une expérience presque identique à la
mienne. Faut-il croire, croire comme certains le pensent, que le départ de ma
maison de cette personnification du mal symbolise la disparition du mal causé
par l’alcoolisme ? C’est possible. L’autre partie de mon expérience
symbolise pour moi l’amour tout puissant et purificateur d’une Puissance
supérieure que je suis maintenant heureux d’appeler Dieu.
San Diego, Californie
mercredi 27 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire, p 20
[ … ] Je
suis retourné à la chambre et je suis tombé à genoux à côté du lit. J’ai fermé
les yeux, j’ai caché ma figure dans les paumes de mes mains et je les ai
placées sur le lit. J’ai oublié tous les mots que j’ai prononcés à haute voix
mais je me souviens avoir dit : « S’il-te-plaît mon Dieu,
apprends-moi à prier ! »
Alors sans
relever la tête ni ouvrir les yeux, j’ai été capable de « visualiser »
tout le plan de la maison. Je pouvais aussi « voir » un homme immense
debout de l’autre côté du lit, les bras croisés sur la poitrine. Ses yeux me
fixaient avec haine et malveillance. Il était le symbole du mal sous toutes ses
formes. Après une dizaine de secondes, je l’ai « vu » se retourner
lentement, marcher vers la salle de bain et regarder à l’intérieur ; je l’ai
« vu » se rendre à la seconde chambre à coucher, y jeter un regard,
se diriger vers le salon et y jeter aussi un regard furtif, puis sortir de la
maison par la porte de la cuisine.
Je demeurais
dans ma position originale de prière. Au moment précis de son départ, j’ai
senti venir vers mois comme un vibrant courant magnétique qui m’arrivait de
toutes les directions de l’espace infini. [ … ]
mardi 26 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire, p 20
L’IMAGE DU MAL
C’est
arrivé à peu près vers trois heures du matin. J’étais dans le Mouvement depuis
un peu moins d’un an. Je me trouvais seul dans la maison, ma troisième femme
ayant divorcé avant mon entrée chez les AA. Je me suis réveillé avec le
sentiment terrifiant de la mort imminente. Je tremblais et j’étais presque
paralysé de peur. Même si c’était le mois d’août dans le sud de la Californie,
j’avais tellement froid que je me suis enveloppé d’une épaisse couverture.
Puis, j’ai allumé la chaufferette dans le salon et je m’y suis presque collé
dessus. Au lieu de me réchauffer, je suis devenu tout engourdi, et à nouveau, j’ai
senti la mort approcher.
Je n’avais
pas été une personne très croyante et je n’étais devenu membre d’aucune église
après mon entrée dans les AA. Soudain je me suis dit : « C’est le
temps ou jamais de prier. » [ … ]
lundi 25 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire, p 19
Plus tard
les médecins nous ont dit que, selon eux, notre ami n’avait pas la force
physique de bouger, encore moins de s’asseoir. Il n’avait pas prononcé un seul
mot depuis son entrée à l’hôpital. Sa phrase suivante avait été : « J’ai
faim. »
Mais le
vrai miracle, c’est ce qui lui est arrivé durant les dix années qui ont suivi. Il
a commencé à aider les autres. Je veux dire vraiment aider ! Aucun appel n’était trop ardu, trop gênant,
trop « désespéré ». Il a fondé le groupe de AA de sa ville et il
devient mal à l’aise si vous le mentionnez aux autres ou si vous faites des
commentaires élogieux sur ses nombreuses activités chez les AA.
Il n’est plus le même homme que celui à qui
j’ai tenté de transmettre le message des AA. Moi , j’ai échoué dans toutes
mes tentatives pour aider l’homme que je connaissais. Mais un Autre l’a
transformé en un homme nouveau.
Bernardsville, New Jersey
dimanche 24 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire, p 19
Nous avons
décidé de nous asseoir tous les trois sur un banc dans le corridor, laissant le
prêtre seul au chevet du malade. Sans nous consulter, nous nous sommes inclinés
et avons commencé à prier – la mère supérieure, la religieuse et moi – un ministre
presbytérien.
Il m’est
absolument impossible de dire combien de temps nous avons passé là. Je sais que
le prêtre est reparti pour vaquer à ses autres obligations. Un bruit en
provenance de la chambre nous a subitement rappelés à la réalité. Levant les
yeux, nous avons aperçu le patient assis au bord de son lit !
« Très
bien Dieu, disait-il, je ne veux plus jamais jouer le quart-arrière. Dis-moi ce
que tu veux que je fasse, et je le ferai ! »
samedi 23 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire, p 19
Le septième
jour, je lui ai de nouveau rendu visite. Passant devant sa chambre, j’ai remarqué
qu’on l’avait détaché et que les tubes intraveineux avaient été enlevés. J’étais
fou de joie ; il allait s’en tirer ! Le médecin et l’infirmière ont
anéanti mes espoirs. Mon ami « s’en allait » très vite.
Après avoir
pris les dispositions pour faire venir sa femme, j’ai pensé qu’étant
catholique, certains rites religieux devaient être observés. Nous étions dans
un hôpital catholique, alors j’ai cherché et trouvé une religieuse (la mère
supérieure, à ce que j’appris plus tard). Elle a demandé un prêtre et, avec une
autre religieuse, m’a raccompagné à la chambre.
vendredi 22 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire, p 18
UN HOMME NOUVEAU
J’ai
essayé d’aider cet homme, une expérience humiliante. Personne n’aime être une
faillite totale ; c’est un coup dur pour l’ego. Rien ne semblait
fonctionner. Je l’ai amené aux réunions et il y restait assis sans bouger comme
dans un brouillard. Je savais que seul le corps était présent. Quand j’allais
chez lui, ou il était parti boire, ou il se faufilait par la porte arrière
comme j’entrais par celle d’en avant. Sa famille commençait vraiment à
désespérer ; je pouvais sentir leur détresse.
C’est
alors qu’il a connu la dernière d’une incroyable série d’hospitalisations. Il s’est
rendu jusqu’au delirium tremens et à des convulsions si violentes qu’on a dû l’attacher
à son lit. Il était dans le coma, nourri à l’aide de tubes intraveineux. A chacune
de mes visites quotidiennes, il paraissait de plus en plus malade, aussi
impossible que cela puisse paraître. Pendant ces six jours, il est demeuré
inconscient, ne remuant qu’à l’occasion de ses crises spasmodiques.
jeudi 21 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire, p 18
Dieu soit
loué, je n’ai plus jamais ressenti la solitude depuis. Je n’ai jamais pris un
autre verre d’alcool et mieux encore, je n’en ai jamais eu le désir. Le retour
à la santé a été très long et les gens ont mis beaucoup de temps à me redonner
leur confiance. Mais cela n’était pas important. Je savais que j’étais
abstinente d’alcool et, d’une certaine façon, je savais qu’aussi longtemps que
je vivrais selon la volonté de Dieu, je ne ressentirais plus jamais la peur.
On m’a
récemment dit que j’avais une tumeur maligne. Au lieu de paniquer ou de me sentir
déprimée, j’ai remercié Dieu pour les seize dernières années de temps emprunté
qu’il m’a accordées. On m’a enlevé cette tumeur ; je me sens bien, et je
profite de chaque minute de chaque jour. Je crois qu’il y aura encore beaucoup
d’autres journées. Aussi longtemps que Dieu aura du travail pour moi, je
demeurerai ici.
Lac Carré, Québec.
mercredi 20 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 17/18
Je me
suis couchée, convaincue que je ne me relèverais plus. Mon esprit n’avais
jamais été aussi lucide. Je ne pouvais réellement pas trouver un moyen de m’en
sortir. A trois heures du matin, je n’avais pas encore fermé l’œil. J’étais
soutenue par des oreillers, et mon cœur battait à m’en fendre la poitrine. Puis
mes membres ont commencé à engourdir, d’abord aux cuisses, puis aux bras.
J’ai
pensé : « C’est fini. » Alors, je me suis tournée vers l’unique source
que ma trop grande intelligence (à mon avis) ou ma trop grande stupidité m’avait
empêchée d’y recourir plus tôt. J’ai supplié : « Mon Dieu, s’il-te-plaît,
ne me laisse pas mourir de cette façon ! » J’avais mis dans ces quelques
mots toute mon âme et tout mon cœur tourmenté. Presque instantanément, l’engourdissement
a commencé à disparaître. J’ai senti une Présence dans la chambre, je n’étais
plus seule.
mardi 19 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 17
Un matin
je me suis réveillée et j’ai pris la décision de rester au lit toute la
journée. De cette façon, je ne pourrais pas boire d’alcool. J’ai maintenu ma
décision, et lorsque je me suis levée à 18 heures, je me sentais en sécurité
puisque les magasins où l’on vendant de l’alcool étaient fermés à cette
heure-là. Durant la nuit, j’ai été désespérément malade. J’aurais dû aller à l’hôpital.
Vers dix-neuf heures, j’ai commencé à téléphoner à tous ceux à qui je pouvais
penser, dans le Mouvement ou à l’extérieur, mais personne ne pouvait ou ne
voulait venir à mon aide. Dans un dernier effort, j’ai téléphoné à un aveugle
avec qui j’avais travaillé et cuisiné pendant plusieurs années et je lui ai
demandé si je pouvais prendre un taxi pour me rendre à son appartement. Je lui
ai dit que j’allais mourir et que j’avais peur.
Il m’é
répondu : « Meurs et va au diable ! Je ne veux pas te voir ici »
(Plus tard il m’a confié qu’il aurait voulu se couper la langue et qu’il avait
pensé me rappeler. Dieu merci, il ne l’a pas fait !)
lundi 18 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 17
A une
certaine époque, j’ai réussi à demeurer abstinente d’alcool pendant six mois. Puis
j’ai perdu mon emploi et à cinquante-quatre ans, j’étais certaine que je n’en
trouverai pas un autre. Très effrayée et très déprimée, je ne pouvais pas
envisager l’avenir et mon orgueil stupide ne me permettait pas de demander de l’aide
à qui que ce soit. Je suis donc allée dans un magasin de spiritueux me procurer
ma béquille.
Durant les
trois mois et demi qui ont suivi, je suis morte cent fois. Pourtant, quand je
le pouvais, je continuais à assister aux réunions des AA mais je ne parlais à
personne de mes difficultés. Les autres membres avaient appris à me laisser
seule parce qu’ils savaient qu’ils ne pouvaient pas m’aider. Je comprends
maintenant leur réaction.
dimanche 17 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 16
JE N’ETAIS PLUS SEULE
Il y
avait trois ans que je rôdais autour et à l’intérieur du Mouvement, tantôt
abstinente, tantôt « trichant » (avec moi-même, évidemment) un peu ou
beaucoup. J’aimais les AA – je serrais la main à tout le monde, me tenant
toujours à la porte de toutes les réunions des AA auxquelles j’assistais, et il
y en avait beaucoup. J’étais une sorte d’hôtesse chez les AA. Malheureusement,
j’avais encore beaucoup de problèmes avec moi-même.
Un membre
de mon groupe me disait souvent : « Si seulement tu faisais la
Troisième Etape … » Il aurait aussi bien pu me parler chinois ! Je ne
pouvais pas comprendre. Même si j’avais déjà été une étudiante modèle au cours
de religion du dimanche, j’en étais venue à m’éloigner de toute spiritualité.
samedi 16 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 16
Ce soir-là
finalement en paix avec moi-même pour la première fois depuis des années, j’ai
dormi toute la nuit pour me réveiller au matin sans la crainte et la terreur d’une
autre journée à vivre. Poursuivant ma prière de la veille, j’ai dit : « Je
vais perdre mon emploi. Mais mon Dieu, fais que Toi et moi nous agissions
ensemble à partir de maintenant. »
Mêmes si
certaines journées ne m’ont apporté qu’un minimum de sérénité difficile,
vingt-six ans plus tard je connais encore cette paix intérieure qui vient du
pardon à soi-même et de l’acceptation de la volonté de Dieu. Chaque matin, il y
a de la foi dans la sobriété, cette sobriété qui n’est pas seulement l’abstinence
d’alcool mais le rétablissement progressif dans tous les domaines de ma vie.
Avec mon
amie des AA, maintenant ma femme depuis vingt-cinq ans, j’ai renoué avec ma
famille. Nous connaissons une vie plaisante et heureuse dans laquelle ma sœur et
toute ma famille partagent des liens plus forts d’une affection renouvelée. Depuis
ce fameux jour, je fais confiance et on me fait confiance.
Edmonton, Alberta
vendredi 15 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 15/16
Assis sur
mon lit, j’ai repris la lettre et je l’ai relue maintes et maintes fois. Dans mon
angoisse, je ne pouvais plus en supporter davantage. Désespérément, j’ai crié :
« Mon Dieu, m’as-tu abandonné ? Ou bien est-ce moi qui t’ai abandonné ? »
Combien de
temps s’est-il écoulé ? Je ne saurais le dire. En me relevant je me suis
senti attiré par la fenêtre. Quel changement m’attendait ! Toute la
malpropreté de cette ville industrielle avait disparu sous une couche de neige
fraîche. Tout était nouveau et immaculé. Tombant à genoux, j’ai alors renoué ce
contact conscient avec le Dieu que j’avais connu dans mon enfance. Je n’ai pas
prié, j’ai simplement parlé. Je n’ai pas pensé, j’ai seulement soulagé un cœur lourd
et une âme perdue. Je n’ai pas remercié, j’ai seulement supplié de l’aide.
jeudi 14 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 15
De
retour chez moi, dans l’intimité de ma chambre, j’ai reçu un autre choc, une
lettre de ma sœur. Je l’avais vue pour la dernière fois au poste de police, ou,
avec regret, elle avait mis fin aux nombreux efforts de ma famille pour
m’aider. « Même nos prières semblent inutiles, avait-elle dit, alors nous
allons te laisser te défendre tout seul. » Sa lettre m’arrivait
maintenant, demandant où et comment j’étais. Voyant par la fenêtre la suie et
la saleté qui recouvraient les toits, et à l’intérieur la pauvreté de ma
chambre, j’ai songé avec amertume : « Oui, si seulement ils pouvaient
me voir en ce moment ! » La grâce salvatrice était que je n’avais
plus rien à perdre et rien à demander à quiconque. Ou bien, était-ce le
contraire ?
Tout mon
idéal de jeunesse avait été balayé par l’alcool. Alors, tous mes rêves et
aspirations, famille, travail, tout ce que j’avais déjà connu revenait me
narguer. Je me suis rappelé m’être dissimulé derrière les arbres de mon ancien
domicile pour voir mes enfants passer devant la fenêtre, avoir téléphoné ) ma
famille juste pour entendre des voix familières dire : « Hello !
Hello ! Qui est là ? » avant de raccrocher.
mercredi 13 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 15
Etais-je
capable de demeurer abstinent ? Etais-je réellement sobre ou seulement
abstinent ? Etais-je capable d’assumer les responsabilités de l’emploi et
de renouer avec le succès ? Ou bien Dieu permettrait-Il que je me punisse
encore une fois ?
Je suis
allé demander conseil à une amie que je parrainais. Elle pensait que je pouvais
et même que je devais accepter cette offre. Sa confiance m’a rassuré ; j’ai
alors senti l’enthousiasme de me sentir à nouveau digne et j’ai éprouvé de la
gratitude du simple fait d’être vivant. Cette nouvelle sensation ne m’a pas
quitté durant toute la réunion des AA à laquelle nous avons assisté ce soir-là.
On, y discutait la Onzième Etape : « Nous avons cherché par la prière
et la méditation à améliorer notre contact conscient avec Dieu tel que nous Le concevions, Lui demandant
seulement de connaître Sa volonté à notre égard net de nous donner la force de
l’exécuter ».
mardi 12 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 14
NEIGE
FRAÎCHE
Ayant été
exposé au mouvement des AA depuis plus de six ans, j’avais connu trois
rechutes, trois épisodes brutaux et lugubres. Après chacune, mon humiliation et
mon désespoir augmentaient. De nouveau abstinent et exécutant un travail de peu
d’importance, j’ai découvert qu’il était possible de trouver la satisfaction
dans l’accomplissement de tâches, même minimes, et que l’humilité – vécue comme
source d’enseignement et méthode de recherche de la vérité – peut être le
déguisement emprunté par une puissance supérieure.
Puis, sans
que je m’y attende, on m’a offert un poste de direction comportant de
nombreuses responsabilités. Je n’ai pu que répondre : « Laissez-moi
réfléchir ».
lundi 11 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 14
UNE
PRESENCE
Je suis
un officier, responsable des radiocommunications sur un navire-citerne. J’ai eu
la révélation finale de ma condition et de son traitement un jour où j’étais
assis dans ma cabine en compagnie de ma bouteille préférée. J’ai demandé de l’aide
de Dieu à haute voix, même si j’étais le seul à pouvoir entendre. Soudain, j’ai
senti une présence dans la pièce qui m’apportait une chaleur particulière, une
douce lueur de clarté et une immense sensation de libération. Bien que j’étais
encore relativement sobre, je me suis dit : « Tu es encore saoul »,
et je me suis couché.
Au matin
pourtant, en plein jour, la Présence était encore là. Je n’étais pas ivre. J’ai
compris que j’avais demandé et que j’avais reçu. Depuis ce temps je n’ai pas bu
d’alcool. Lorsque j’éprouve le désir d’en prendre, la seule évocation de ce qui
m’est arrivé suffit à me maintenir dans le droit chemin.
Marin AA, membre des Internationaux
dimanche 10 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 13/14
C’est
alors que quelque chose s’est produit, qui n’a jamais cessé de m’étonner. Comme
il disparaissait de ma vue, il s’est fait comme un grand vide à l’intérieur de
moi. Sans savoir comment cela était arrivé, j’étais devant lui à l’extérieur de
la baraque, m’entendant lui demander s’il pouvait m’aider à arrêter de boire. Si
j’avais agi consciemment, il aurait été le dernier homme à qui j’aurais demandé
du secours. En souriant, il a accepté de m’aider et il m’a amené vers le
programme des AA.
En repensant
à tout cela, il m’est finalement apparu bien évident que contrairement à ce que
j’avais cru, Dieu ne m’avais pas jugé et condamné. Il m’avait écouté et à Son
heure, m’avait donné Sa réponse. Elle avait trois volets : la possibilité
d’une vie sobre ; Douze Etapes à pratiquer pour obtenir et maintenir cette
vie de sobriété ; l’amitié à l’intérieur de l’association, toujours prête
à me soutenir et à m’aider à chaque vingt-quatre heures de ma vie.
Je ne me
fais pas d’illusion, ce n’est pas moi qui ai introduit le programme de rétablissement
des AA dans ma vie. Je dois toujours considérer cela comme un cadeau de la
providence. C’est ma responsabilité d’en faire bon usage.
Saint-Jean, Terre-Neuve
samedi 9 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 13
Je ne
savais où m’adresser pour obtenir du
secours. Croyant que tous les êtres humains pensaient de moi ce que je pensais
d’eux, j’étais convaincu que je ne pouvais pas me tourner vers eux. Il ne me
restait que Dieu et s’Il ressentait à mon égard ce que je ressentais pour Lui,
l’espoir était mince. C’est ainsi que j’ai vécu les trois mois les plus sombres
de ma vie. Durant cette période, j’ai bu, je crois, plus que je ne l’avais
jamais fait et j’ai prié « le néant » de me libérer de l’alcool.
Un matin,
je me suis réveillé sur le sol de ma chambre, terriblement malade, convaincu
que Dieu n’allait pas m’écouter. Plus par habitude qu’autre chose, je me suis
rendu au travail et j’ai entrepris de préparer la paie des employés, même s’il
m’était difficile d’arrêter de trembler juste assez longtemps pour inscrire les
chiffres aux bons endroits. Après beaucoup de difficultés, j’ai finalement
complété ce travail. Avec un soupir de soulagement, j’ai regardé par la fenêtre
et j’ai remarqué un homme qui passait devant la baraque où je travaillais. Dès que
je l’ai reconnu, la haine s’est emparée de moi ; sept mois plus tôt, il
avait eu la témérité de me demander, devant d’autres hommes, si j’avais un
problème d’alcool. J’avais été profondément vexé par sa question. Je ne l’avais
pas revu pendant des mois, mais lorsqu’il passa devant ma baraque je le
haïssais toujours autant.
vendredi 8 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 12/13
Je me disais que tout ça était
insensé, et bien que j’essayais de me convaincre que j’avais eu une
hallucination, je ne pouvais pas douter de la réalité de l’expérience. Je pouvais
me visualiser alors que j’étais amené devant une divinité qui me toiserait avec
mépris et me dirait d’un ton sévère : « Parle ! » Mon
imagination m’a épargné la suite, et à partir de là, j’ai bu le plus possible
pour effacer ce cauchemar. Le matin au réveil, ce mauvais souvenir était encore
là, plus vivant que jamais.
J’ai pensé que je ferais mieux d’arrêter
de boire pour quelques temps et commencer à reconstruire ma vie. Cette résolution
a provoqué un choc terrible. Jusque-là je n’avais jamais associé mes
difficultés à l’alcool. Je savais que je buvais trop, mais il m’a toujours
semblé que j’avais d’excellentes raisons pour boire. Je constatais maintenant,
avec étonnement et horreur, que je ne pouvais plus arrêter. L’alcool avait pris
une telle place dans ma vie que je ne pouvais plus fonctionner sans lui.
jeudi 7 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 12
Dès que j’ai entendu cette voix,
j’ai repris mes esprits et j’ai su sans l’ombre d’un doute qu’aucune personne ni
aucune situation n’était responsable de mon état actuel. J’étais le seul
responsable.
Ce fut un grand choc. D’abord, j’avais
entendu cette voix et la raison principale de mon échec dans la vie – je n’avais
jamais eu de chance- a disparu de mes pensées pour toujours. Il m’est venu à l’idée
que si je me suicidais, comme c’était mon intention, il se pourrait que je
doive faire face à Dieu et Lui donner un compte-rendu de ma vie, sans possibilité
de blâmer qui que ce soit. Je ne voulais pas ça et toute idée suicidaire a
disparu sur le champ. Par contre, la pensée que je pourrais mourir à n’importe
quel moment a continué à me hanter.
mercredi 6 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 11/12
Cette expérience s’est produite à
la mort de mon père en Ecosse. Il avait vécu une bonne vie dans son village et
tous ceux qui l’avaient connu l’ont honoré à son décès. J’avais reçu des
journaux qui donnaient un compte-rendu de ses funérailles. Ce soir-là, j’étais
assis à une petite table dans une taverne bondée de monde, ivre et broyant du noir
à cause de ce que j’avais lu. La mort de mon père ne me causait aucun chagrin. Plein
de haine et d’envie, je me disais : « Pourquoi lui et les autres
ont-ils la vie si facile alors que les hommes bons comme moi n’ont jamais de
chance ? Quelle guigne ! Les gens m’aimeraient et m’honoreraient
aussi si j’avais la chance qu’il a eue. »
Dans la taverne, le bruit des
conversations était assourdissant. Soudain, dans ma tête, j’ai entendu une voix
forte et claire : « Comment justifieras-tu ta vie lorsque tu te
présenteras devant Dieu ? » Stupéfait, j’ai regardé autour de moi,
car la voix était celle de ma grand-mère. Je n’avais plus repensé à elle depuis
sa mort, une vingtaine d’années plus tôt. C’était sa citation préférée. Elle le
disait souvent lorsque j’étais jeune et voilà que je l’entendais encore, cette
fois dans la taverne.
mardi 5 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 11
Les débuts ont été assez
agréables et ont favorisé mes rêves de gloire et de fortune. Par contre, cette
vie s’est graduellement transformée en un constat de cauchemar meublé de peurs
et de remords à cause de ma condition, et de ressentiment et d’aigreur à cause
de cette vie normale qui m’entourait et qui m’était inaccessible. La vérité
était que, par l’alcool, je m’étais moi-même isolé de la société, glissant
graduellement dans un état psychologique qui m’empêchait d’établir un
rapprochement social ou moral avec quiconque. A cette époque, je ne voyais pas
que cet isolement était causé par mes excès d’alcool. J’étais convaincu que
Dieu et la société m’avaient tourné le dos, refusant de me donner une chance
dans la vie. Je ne voyais aucune raison de vivre. Je n’avais pas le courage de
me suicider, mais je crois que le désespoir aurait brisé cette barrière de
lâcheté si je n’avais pas connu une expérience qui a transformé entièrement ma
façon de penser.
lundi 4 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 9/11
« EXPERIENCES
SPIRITUELLES ? » 2
Il est certain que tous ceux qui
ont connu des expériences spirituelles croient qu’elles se sont produites. Les
conséquences subséquentes de ces expériences sont les meilleures preuves de
leur authenticité. Ceux qui reçoivent ces dons de la grâce se transforment
profondément, presque toujours pour le mieux.
Bill W
Causerie, 1960
IL AVAIT
ECOUTE
Dès mon adolescence, j’ai dû
faire un choix entre ce qui me semblait une vie ennuyante et morale ou ce qui,
après quelques verres d’alcool, m’apparaissait comme une vie excitante et
pleine d’aventures. J‘avais grandi dans la tradition d’un Dieu sévère et
vengeur qui surveillait le moindre de mes gestes. Je n’arrivais pas à aimer ce
genre de divinité et m’en sentais coupable. Après un verre ou deux, j’oubliais
ma culpabilité. J’ai décidé d’opter pour ce genre de vie.
dimanche 3 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 7
L’AUTRE DIMENSION
Un jour durant
une réunion, j’ai avoué que j’étais transporté d’enthousiasme par le programme
des AA. Tout me convenait, sauf la dimension spirituelle.
Après la
réunion, un membre est venu me dire : « J’ai aimé ta réflexion sur
notre mode de vie, à savoir que tu aimes tout, sauf l’aspect spirituel. Nous avons
un peu de temps. Pourquoi ne parlons-nous pas de cette autre dimension ? »
La conversation
s’est arrêtée là.
Modesto, Californie
samedi 2 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 6/7
[ … ] C’est
l’envie de décapiter quelqu’un – et choisir de s’en éloigner. C’est savoir
lorsque vous êtes sans le sou, que vous possédez encore quelque chose que
l’argent ne peut acheter. C’est porter des salopettes comme s’il s’agissait
d’un habit de gala. C’est désirer rentrer chez soi, alors qu’on y est déjà. C’est
un voyage en fusée qui conduit encore plus loin que l’univers visible. C’est
regarder quelque chose superficiellement laide, mais qui rayonne de beauté.
C’est un horizon majestueux ou un désert de l’ouest. C’est un jeune enfant.
C’est une chenille qui se transforme en papillon. C’est être conscient que la survie
est un combat sauvage avec soi-même. C’est une attirance magnétique envers ceux
qui sont battus et désespérés. C’est savoir que même les mauvais moments sont
bénéfiques.
Ne regarde pas
en arrière tu n’as encore rien vu.
Lorsque les
gens te regardent et se demandent ce qui se passe, ton regard leur
répondra : « C’est que je peux arrêter ! »
Cette chose
singulière qu’est la spiritualité ne peut pas être donnée à un autre par des
paroles. Si chaque être humain doit l'obtenir, alors chaque être humain doit la
gagner, à sa façon, de sa propre main, marquée au sceau de son être, à sa
manière.
New York, New York
vendredi 1 novembre 2013
Nous en sommes venus à croire p 6
A SA MANIERE
La spiritualité
est un éveil – ou est-ce une multitude de bouts de fils tissés ensemble dans
une étoffe moelleuse ? C’est la compréhension – ou est-ce tout le savoir
dont un être humain aura besoin ? C’est la liberté – ou est-ce la croyance
qu’une Puissance supérieure vous protégera toujours contre les tempêtes et les
ouragans ? C’est l’obéissance à la voix de la conscience - ou est-ce une
considération profonde, réelle et vivante pour le monde entier et pour toute le
planète ? C’est la paix de l’esprit devant l’adversité. C’est le désir
aigu et farouche de survie.
C’est un homme
ou une femme. C’est la gratitude pour tout évènement fortuit du passé qui vous
a amené à un moment de justice. C’est la joie d’être un homme jeune dans un
monde jeune. C’est une prise de conscience – ou est-ce la connaissance claire
et nette de ses capacités et de ses limites ? C’est la concentration –
ou est-ce une facilité de percevoir l’univers ? C’est de voir dans chaque
être humain une puissance mystique qui pousse au bien. C’est la patience face à
la stupidité. [ … ]
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