Accueil AA France AA Belgique AA Québec AA Suisse romande

jeudi 31 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Le seul temps dont nous disposons pour être bon envers nous-mêmes, c’est maintenant. Et si nous ne l’utilisons pas, comment pouvons-nous attendre des autres le respect et la considération que nous ne nous donnons pas nous-mêmes.
Nous avons découvert que, abstinents, nous pouvions apprécier les mêmes bonnes choses que lorsque nous buvions, en beaucoup, beaucoup d’autres encore. Avec un peu de pratique, les dividendes finissent par surpasser l’effort consenti. Ce n’est pas de l’égoïsme que d’agir ainsi : c’est de l’autoprotection. Il est impossible de devenir une personne généreuse, honnête et socialement responsable à moins de chérir d’abord son propre rétablissement.

mercredi 30 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Maintenant que faut-il faire pour retrouver notre enthousiasme ? Nous pouvons en tout cas, faire autre chose que prendre un verre. Chaque chapitre de ce manuel est rempli de suggestions pertinentes.
Mais, il y a peut-être plus. Avons-nous ressenti la joie de vivre récemment ? Ou plutôt, étions-nous tellement occupés par notre rétablissement, tellement étroitement rivés au rythme de notre progrès personnel que nous nous sommes privés d’un coucher de soleil ? D’un clair de lune ? D’un délicieux repas ? D’une évasion méritée ? D’une bonne farce ? De tendresse ?
Comme le corps humain tend naturellement à se régulariser, peut-être le vôtre accueillerait-il volontiers l’occasion un repos bien mérité ? Profitez calmement de légers assoupissements ou du sommeil plus profond des longues nuits paisibles. Il se peut aussi que vous disposiez d’un surplus d’énergie à dépenser en simples distractions et plaisirs. Ces activites, comme tous les autres aspects de la vie, semblent indispensables pour satisfaire toutes les exigences humaines.

mardi 29 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Faisons le point. Nous sommes-nous abstenus de  prendre un verre durant le présent « 24-heures » ? Nous devons alors nous en féliciter. Nous sommes-nous nourris convenablement aujourd’hui ? Avons-nous essayé de remplir nos obligations ? En somme, avons-nous aujourd’hui fait tout ce que nous pouvions, et le mieux possible ? Si oui, c’est tout ce que nous pouvons raisonnablement exiger.
Il est possible que nous ne pouvions répondre dans l’affirmative à toutes ces questions. Nous avons pu, tout en sachant mieux, faillir quelque part, régresser un peu, en pensée ou en action. Et puis après ? Nous ne sommes pas des créatures parfaites. Nous devrions nous satisfaire d’un modeste progrès plutôt que nous lamenter sur notre manquement à la perfection.

lundi 28 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Il est tout à fait indiqué de se rappeler que les excès d’alcool causent des dommages sérieux à notre organisme, qu’ils laissent des séquelles dont nous mettrons des mois ou des années à nous remettre. Personne ne devient un alcoolique en quelques semaines seulement (enfin, presque personne). Nous ne pouvons pas non plus nous attendre à nous rétablir instantanément, comme par magie.
C’est lorsque le découragement nous guette que nous devons nous stimuler. Plusieurs ont trouvé bénéfique de se féliciter et de s’enorgueillir du progrès déjà accompli, sans pour cela tomber dans la suffisance ou la vanité excessive.

dimanche 27 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

C’est précisément à ce stade que nous pouvons commencer à nous traiter avec indulgence, sinon bienveillance. Nous n’exigerions pas plus qu’un effort raisonnable d’un enfant ou d’une personne handicapée. Il nous semble donc que nous n’avons pas davantage le droit d’exiger des miracles de la part des alcooliques en rétablissement que nous sommes.
Impatients d’être complètement rétablis le mardi, nous commençons à nous faire des reproches lorsque le mercredi nous voit encore convalescents. Il est alors opportun de prendre du recul et de nous voir le plus objectivement possible avec détachement. Quel serait notre attitude envers un être cher ou un ami malade qui, se décourageant de la lenteur de sa guérison, commencerait à refuser les médicaments ?

samedi 26 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

On dit souvent que les buveurs maladifs sont des perfectionnistes tolérant mal toute imperfection, surtout les leurs. Nous étant imposés à nous-mêmes des objectifs impossibles, nous n’en continuons pas moins à les poursuivre avec acharnement, en dépit de leur inaccessibilité.
Et puis, comme aucun être humain n’est capable de respecter les normes extrêmement exigeantes que nous imposons souvent, nous échouons, comme échouent tous ceux dont les objectifs ne sont pas réalistes. Suivent alors découragement et dépression. Et nous nous punissons sévèrement de n’être pas plus que parfaits.

vendredi 25 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

A cause de la honte et des stigmates encore rattachés à l’alcoolisme par ceux qui ignorent la nature de cette maladie (et nous étions de ce nombre avant d’être mieux informés), nous n’étions pas très indulgents envers nous-mêmes aux lendemains de nos cuites. Nous acceptions d’endurer notre mal en nous disant que nous devions bien « payer la note » en rémission de nos égarements.
Sachant maintenant que l’alcoolisme ne comporte rien d’immoral, nous trouvons donc indispensable de corriger nos attitudes. Nous nous sommes rendus compte que l’une des personnes les moins portées à traiter l’alcoolique comme un malade, c’est assez paradoxalement, l’alcoolique lui-même. Encore une fois, nos anciennes façons de penser refont surface.

jeudi 24 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

16 ÊTRE BON ENVERS SOI-MÊME
Lorsqu’un être cher ou un ami précieux relève d’une grave maladie, nous tâchons ordinairement de l’entourer de ce que toute bonne infirmière appelle S.T.T. (soins tendres et affectueux). Nous dorlotons un enfant malade, lui apprêtant ses mets préférés et lui procurant du plaisir pour l’aider à se rétablir.
Se rétablir de la maladie de l’alcoolisme nécessite un certain temps et le malade en voie de rétablissement mérite de la considération ainsi qu’une généreuse mesure de S.T.A.
Autrefois, les gens croyaient facilement que ceux qui se rétablissaient de certains maux avaient mérité leur souffrance puisqu’ils s’étaient, croyait-on, délibérément infligés cette maladie par pur égoïsme.

mercredi 23 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Une activité physique légère peut aussi faire beaucoup de bien. Qu’il s’agisse de l’exercice déjà mentionné, de respirations profondes, d’un bain chaud et, (en privé) de coups sur une chaise ou un coussin en criant, tous ces gestes ont contribué à délivrer une foule de gens de la colère.
Il semble rarement recommandable de se contenter de réprimer, d’étouffer ou de contenir sa colère. Au contraire,  il nous faut apprendre, non pas à la combattre mais à faire quelque chose à son sujet. Sinon, nous multiplions dangereusement les risques de retourner boire.
En tant que profanes qui n’avons d’autre science que notre propre expérience, et comme alcooliques rétablis, nous n’avons aucune connaissance clinique et ne disposons d’aucune théorie scientifique en cette matière. rares sont les gens qui, ayant connu un lendemain de veille, peuvent oublier l’irascibilité stupide qui l’accompagnait. Il nous arrivait parfois de nous en prendre aux membres de notre famille, à nos compagnons de travail, à nos amis ou à de purs étrangers qui n’avaient sûrement pas mérité notre emportement. Comme la fumée qui flottait au plafond d’un bar clos, au temps de notre alcoolisme actif, nous conservions ce travers un certain temps après avoir connu l’abstinence, jusqu’à ce que nous procédions à l’anéantissement de notre esprit.

mardi 22 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Parfois, ce n’est pas avec un ressentiment de longue date que nous devons transiger mais avec une soudaine poussée de rage. Nous avons souvent eu recours au programme du 24-heures (chapitre 3) et au slogan « l’important d’abord » (chapitre 13) pour maîtriser de pareilles situations, avec des résultats étonnants, même si nous n’en connaissions pas l’efficacité avant de les éprouver.
Le truc du « faire comme si » est un autre remède efficace contre la colère. Il suffit de déterminer comment, à notre avis, une personne vraiment adulte et bien équilibrée se comporterait face au même ressentiment que le nôtre, puis de faire comme si nous étions cette personne. Tentez-en l’expérience de temps à autre. Elle vous sera sûrement profitable.
Plusieurs membres recourent aussi aux services professionnels d’un bon conseiller, comme un psychiatre ou autre médecin, ou un membre du clergé.

lundi 21 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Notre agressivité se dissipera en évoquant les pensées contenues dans la Prière de la Sérénité. Il arrive que l’on soit indisposé par des solutions qu’il nous est impossible de contrôler ou de changer (par exemple, les embouteillages, la température, les files d’attente au supermarché), de sorte que l’unique choix sage et raisonnable consiste à els accepter plutôt que de rager intérieurement pour rien, ou de nous tourner vers l’alcool.
Bien sûr nous pouvons parfois en vouloir à une des circonstances de nos vies que nous pouvons, et devrions changer. Peut-être nous devrions quitter notre emploi pour en trouver un meilleur, ou obtenir un divorce, ou déménager notre famille dans un autre quartier. Dans ces cas, la décision doit être prise avec soin, sans précipitation ni colère. Il convient donc de retrouver d’abord nos esprits. C’est alors seulement que nous pouvons analyser de façon calme et constructive si notre ressentiment provient d’une chose que nous pouvons changer. Pour mieux s’en assurer, se reporter au chapitre 7, qui traite de la Prière de la Sérénité.

dimanche 20 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Chose intéressante, plusieurs des moyens déjà évoqués pour éviter de boire se sont aussi révélés merveilleusement efficaces pour soulager les malaises intérieurs résultant de la colère. Par exemple, lorsque nous sommes sur le point d’éclater, il aide parfois grandement de grignoter nos douceurs favorites ou de siroter une boisson non intoxicante, de préférence sucrée.
Lorsque quelque chose nous irrité, il est fortement recommandé de téléphoner à notre parrain ou à d’autres alcooliques rétablis pour leur en parler. Il est aussi bénéfique de faire une pause pour nous demander si nous ne serions pas surmenés. Dans l’affirmative, il s’est avéré qu’un peu de repos suffisait souvent à nous apaiser.
Aussi, répéter plusieurs fois en cadence « Vivre et laisser vivre » aide à nous calmer.
Nous pourrions aussi nous tourner vers une activité tout à fait étrangère à la cause de notre irritation, soit en exécutant quelques exercices rigoureux nou en écoutant notre musique préférée.

samedi 19 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Même si on nous a réellement traités de façon mesquine ou injuste, le ressentiment est un luxe que nous, alcooliques, ne pouvons nous offrir. Toute colère peut nous détruire, car elle peut nous conduire de nouveau à l’alcool.
(On traite du ressentiment de façon plus détaillée dans les livres Les Alcooliques Anonymes, et Les Douze Etapes et les Douze Traditions)
Nous ne pouvons nous reconnaître aucune compétence en psychologie pure nous contentant de concentrer nos efforts, non pas à rechercher les causes des malaises profonds engendrés par la colère, mais simplement à y faire face, que nous les croyions justifiés ou non. Nous nous appliquons à maîtriser ces émotions pour éviter qu’elles nous amènent à boire.

vendredi 18 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Il faudrait peut-être ajouter la peur à cette liste, car plusieurs croient que la colère est souvent un produit de la peur. Nous ne savons pas toujours très bien de quoi nous avons peur ; parfois, il s’agit seulement d’une crainte vague, générale et indéfinie. Et elle peut donner naissance à une colère tout aussi généralisée, susceptible de se concentrer soudainement sur quelqu’un ou quelque chose.
Les sentiments de frustration peuvent aussi engendrer la colère. Comme groupe, les buveurs ne sont pas réputés pour leur grande tolérance face à la frustration, réelle ou imaginaire. L’alcool devenait notre secours préféré pour surmonter pareille émotion.
Le ressentiment « motivé » est peut-être le plus problématique à maîtriser. C’est l’aboutissement d’une colère juste, longtemps entretenue et qui ne saurait se prolonger sans diminuer progressivement notre résistance à l’alcool.

jeudi 17 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Mais nous y reviendrons plus tard. Pour l’instant, jetons un coup d’œil sur certaines formes et couleurs que peut parfois emprunter la colère :
L’intolérance – le snobisme – la tension – la méfiance – le mépris – la rigidité – le sarcasme – l’anxiété – l’envie – le cynisme – l’apitoiement – la suspicion – la haine – le mécontentement – la malice – la jalousie
Une fois abstinents, bien des membres des AA ont pu relier ces sentiments à quelque colère sous-jacente. Lorsque nous buvions, la plupart d’entre nous mettaient bien peu de temps à réfléchir à ces choses. Nous étions plutôt portés à ruminer ou à exploser, surtout après avoir grossi ces évènements par un autre verre.

mercredi 16 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Beaucoup sont cependant certains qu’il est très néfaste pour l’équilibre émotif de contenir la colère. A moins d’extérioriser notre agressivité d’une façon ou d’une autre, elle nous empoisonnera intérieurement en nous contrant sur nous-même, nous conduisant ainsi à une profonde dépression.
La colère tous soutes ses formes est un problème humain universel. Mais elle représente une menace particulière pour les alcooliques. Notre propre colère peut nous tuer. Les alcooliques rétablis conviennent presqu’unanimement que l’hostilité, la rancune ou le ressentiment provoquent en nous le désir de boire et nous imposent l’obligation d’être vigilants. Pour les apprivoiser, nous connaissons des moyens bien plus appropriés que l’alcool.

mardi 15 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Même ceux d’entre nous qui n’ont jamais agi de la sorte peuvent facilement imaginer la rage féroce qui peut amener certaines personnes à imaginer pareille violence si elles sont suffisamment ivres. Donc, nous reconnaissons le potentiel danger contenu dans la colère.
Il fait peu de doute qu’il est normal de la retrouver de temps à autre chez la « bête humaine » ! Tout comme la peur, la colère pourrait bien posséder certaines valeurs de survie communes à tous les membres de l’espèce appelée homo sapiens. L’indignation face à des notions telles que la pauvreté, la maladie et l’injustice a sans aucun doute engendré des progrès dans de nombreuses civilisations.
Mais on ne peut nier non plus que les voies de fait et même les violences verbales résultant d’une colère excessive sont déplorables et peuvent causer des préjudices à la société comme telle, aussi bien qu’aux individus. C’est pourquoi certaines religions et philosophies nous axhortent à nous débarrasser de la colère pour parvenir à une vie plus heureuse.

lundi 14 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

On a supposé qu’il pouvait exister une réaction chimique subtile non définie entre l’alcool et les changements physiologiques provoqués par la colère. Une étude expérimentale sur les alcooliques a révélé que les ressentiments peuvent provoquer sur le système sanguin une condition inconfortable, qu’une cuite pouvait dissiper. Un psychologue éminent a récemment émis l’hypothèse que les buveurs semblent aimer l’impression de pouvoir et de domination ressentie sous l’influence de l’alcool.
On a publié des données sur les liens étroits qui existent entre l’usage de l’alcool d’un part, et les attentats et homicides d’autre part. Dans certains pays, il semble que bon nombre de ces crimes surviennent alors que, soit la victime, soit le criminel (ou parfois les deux) se trouvent sous l’influence de l’alcool. Les viols, les querelles de ménage conduisant au divorce, les sévices sur les enfants, les vols à main armée, sont souvent commis au seuil de l’ivresse avancée.

dimanche 13 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

15 ATTENTION A LA COLERE ET AU RESSENTIMENT
Nous avons déjà parlé de la colère dans cet ouvrage, mais vu l’ampleur des traumatismes qu’elle nous a causés, nous croyons que toute personne désireuse de solutionner un problème d’alcool doit y accorder une attention toute particulière.
Cet état, peu importe que nous l’appelions hostilité, ressentiment ou colère, est, semble-t-il étroitement lié au phénomène d’absorption d‘alcool, et probablement plus profondément ancré chez l’alcoolique.
Par exemple, une équipe de scientistes a fait enquête auprès d’un grand nombre d’hommes alcooliques et leur a demandé pourquoi ils s’enivraient. Ils ont reçu comme principale raison la suivante : « C’est pour pouvoir dire à quelqu’un ma façon de penser ». En d’autres mots, ces hommes trouvaient, quand ils étaient ivres, la force et la liberté d’exprimer une colère qu’ils arrivaient mal à manifester quand ils étaient abstinents.

samedi 12 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Quand on en est réduit à se parler à soi-même, la conversation risque de tourner en rond. De plus elle exclut les interventions pertinentes pouvant provenir d’une autre personne. Chercher à se convaincre de ne pas boire, équivaut à s’hypnotiser soi-même. Souvent, cela est aussi efficace que de tenter de persuader un animal en gestation de ne pas mettre bas alors que son terme est venu.
C’est pour ces raisons que nous suggérons d’éviter la fatigue et la faim, en y ajoutant souvent une autre possibilité de danger, pour en faire une triple mise en garde : « N’attendez pas d’être trop fatigués, d’avoir trop faim, ou de vous sentir trop seuls ».
Gardez-vous de tous les dangers.
Dès qu’il vous vient à l’esprit de prendre un verre réfléchissez. Plus souvent qu’autrement, vous constaterez que vous êtes en proie à l’un ou l’autre de ces trois dangereux risques.
Empressez-vous de le dire à quelqu’un. Déjà votre solitude sera moins lourde

vendredi 11 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Ces désirs et ces envies ont bien moins de chance de s’éveiller en nous si nous sommes en compagnie d’autres personnes, surtout si elles ne font pas usage d’alcool. Si les obsessions nous assaillent alors que nous sommes en présence de membres des AA elles nous paraissent plus faibles et plus faciles à écarter.
Nous n’oublions pas que chacun doit se réserver quelques moments de temps à autre, soit pour rassembler ses idées, faire le point, exécuter un travail, régler un problème personnel,  ou simplement pour se soustraire au stress quotidien. Mais nous avons constaté qu’il est dangereux de devenir trop indulgents à ce sujet, spécialement quand notre humeur tend vers le vague à l’âme ou à l’apitoiement. Toute présence, quelle qu’elle soit, vaut mieux qu’une solitude amère.
Il peut nous arriver, évidemment, d’avoir le goût de boire, même pendant une réunion des AA. Tout comme on peut se sentir seul parmi la foule. Mais avec d’autres membres, on est beaucoup moins exposé à boire que seul dans notre chambre, ou retiré dans un coin sombre d’un bar-salon tranquille et désert.

jeudi 10 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Notre expérience personnelle pour se maintenir abstinent témoigne avec éloquence de la sagesse à recourir à tous les secours disponibles lorsqu’il s’agit de résoudre un problème d’alcool. Si grands qu’en aient été notre désir et notre besoin, aucun de nous ne s’est rétabli de l’alcool par ses propres moyens. Si nous avions pu nous en dispenser, nous n’aurions  certainement pas fait appel au mouvement des AA, à un psychiatre ou à qui que ce soit. Comme personne ne peut vivre tout à fait seul, et que nous dépendons tous dans une certaine mesure les uns des autres, au moins pour certains biens et services, il nous a semblé raisonnable d’accepter cette réalité particulière et de la mettre à profit dans la lutte très importante pour triompher de notre alcoolisme actif.
La tentation de boire s’infiltre en nous bien plus discrètement et sournoisement lorsque nous sommes seuls. Et quand l’ennui nous gagne, il semble que l’obsession de boire se fait plus forte et plus insistante.

mercredi 9 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Mais nous savons maintenant que nous n’en sommes pas réduits à nos seules ressources personnelles. Il est beaucoup plus sensé, prudent et sûr, d’entreprendre le voyage en compagnie d’un joyeux équipage voguant vers la même direction. Nous n’avons nullement à avoir honte de demander du secours, puisque nous nous aidons tous les uns les autres.
Il n’est pas plus lâche d’appeler à l’aide pour solutionner un problème d’alcool que d’utiliser une béquille pour une jambe fracturée. Une béquille est un objet précieux pour ceux qui en ont besoin et pour ceux qui en connaissent l’utilité.
L’aveugle fait-il acte d’héroïsme lorsqu’il trébuche et tâtonne, seulement parce qu’il ou elle dédaigne l’aide facilement disponible ? Il arrive parfois qu’une conduite téméraire, voire même entièrement inutile, fasse l’objet d’éloges immérités. Mais l’entraide mutuelle, toujours plus efficace, devrait recevoir plus de louanges et d’admiration.

mardi 8 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Les rires qui ont fusé de l’auditoire ce soir-là étaient particulièrement spontanés et affectueux. Nombreux étaient ceux qui se reconnaissaient pour avoir connu les mêmes malaises. A se sentir ainsi maladroit et inadapté à quarante ans (ou même à vingt ans, aujourd’hui), on pourrait se trouver pathétique, ou même grotesque, si ce n’était de toutes ces réunions bondées de membres des AA compréhensifs, s’identifiant aux mêmes angoisses, et maintenant capables d’en rire. C’est avec le sourire que nous pouvons faire de nouveaux efforts, jusqu’à ce qu’ils soient couronnés de succès. Il n’y a plus lieu de rougir en secret de nos échecs, ni de recourir à nos tentatives habituelles toujours désespérées en vue d’obtenir une certaine sécurité sociale dans la bouteille, alors que nous n’y avons trouvé que solitude.
Ce n’est ici qu’un exemple extrême illustrant combien certains étaient désemparés lorsqu’ils ont mis la voile vers la sobriété. Il démontre les dangers de perdition encourus par l’aventurier solitaire. Peut-être n’aurions-nous qu’une chance sur un million de nous rendre au terme du voyage.

lundi 7 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Un membre s’adressant à un groupe des AA disait un jour que boire, de l’adolescence à la quarantaine, avait été pour lui une occupation à temps plein et qu’il avait passé outre les expériences normales propres à tous les jeunes gens nord-américains lors de leur croissance.
Et voilà que, parvenu à la quarantaine, il se retrouvait sobre. Il savait boire et fanfaronner, mais il n’avait jamais appris de métier ni de profession, et il ignorait presque tout des bonnes manières. « C’était impensable, disait-il, je ne savais même pas comment donner rendez-vous à une fille, et l’ayant fait, comment me comporter ! Dans mon ignorance, j’ai découvert qu’il n’existe aucun cours en fréquentations pour un célibataire de quarante ans. »

dimanche 6 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Au début nous sommes maladroits, autant pour aller chercher de l’amitié que pour accepter celle qu’on vient nous offrir. Nous ne savons pas très bien nous y prendre et doutons du résultat de nos démarches. Et il y a cette crainte accumulée, alourdie du poids des années, qui nous paralyse. C’est pourquoi, lorsque nous commençons à nous sentir seuls, peu importe que nous le soyons physiquement ou non, nous pouvons facilement être influencés par nos vieilles habitudes et rechercher le baume de l’alcool.
De temps à autre, certains ont même le goût de tout abandonner et de retournée à leur détresse passée. Au moins, cette situation nous est familière et n’exigerait pas de nous beaucoup d’efforts pour retrouver toute notre compétence de buveurs professionnels.

samedi 5 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Bien au contraire, puisque depuis des décades le nombre de gens qui trouvent l’abstinence chez les AA s’accroît chaque année, nous devons nous rendre à l’évidence incontestable que notre rétablissement de la solitude de l’alcoolisme peut être authentique et permanent.
Par contre, ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut surmonter certaines habitudes de méfiance et autres mécanismes de défense profondément ancrés en nous depuis plusieurs années. Nous sommes devenus absolument conditionnés à penser et à agir comme des incompris et des malaimés, que nous l’ayons réellement été ou non. Nous sommes habitués à nous comporter en solitaires. Ainsi, après avoir cessé de boire, il nous faut parfois y mettre un peu de temps et de patience pour nous défaire de cette solitude coutumière. Même si nous commençons à croire que nous ne sommes plus seuls, il nous arrivera encore de nous comporter et de penser selon nous vieilles habitudes.

vendredi 4 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Nous avons abrité notre égocentrisme craintif sous une coquille fragile, qui s’est fissurée sous l’effet de l’honnêteté d’autres alcooliques rétablis .Nous avons eu conscience, avant même de pouvoir l’exprimer, d’avoir trouvé un refuge et de voir notre solitude se dissiper rapidement.
Le mot soulagement n’est pas suffisant pour traduire notre première réaction. Il s’y mêle aussi de l’émerveillement et presqu’une certaine appréhension. Serait-ce trop beau pour être vrai ? Et pour durer ?
Après quelques années de sobriété, les membres peuvent certifier à tout néophyte assistant à une réunion des AA que c’est bien la réalité, tout à fait authentique, et qui continue. Il ne s’agit tout simplement pas d’un de ces faux départs comme nous en avons trop souvent connus. Il ne s’agit pas seulement d’une autre explosion de joie, suivi d’un cruel désappointement.

jeudi 3 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Exception faite des buveurs solitaires, on ne peut pas dire que nous manquions tout à fait de compagnie pendant notre alcoolisme actif. Nous étions bien entourés de gens que nous pouvions voir, entendre et toucher. Mais nos dialogues les plus importants, c’est intérieurement que nous les tenions, et avec nous-mêmes. Nous étions persuadés que personne ne nous comprenait. En plus, vu l’opinion que nous avions de nous-mêmes, il n’est pas certain que nous désirions être compris par qui que ce soit.
Il n’est pas étonnant d’avoir été sidérés lorsque pour la première fois, nous avons entendu chez les AA des alcooliques rétablis se raconter ouvertement et honnêtement. Le récit de leurs propres aventures d’alcooliques, de leurs frayeurs secrètes et de leur solitude nous secouait autant qu’un coup de tonnerre.
Nous découvrions, mais sans oser le croire au début, que nous ne sommes pas seuls. En définitive, nous ne sommes pas entièrement différents de tout le monde.

mercredi 2 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

Mais une fois l’effet de l’alcool dissipé, nous nous retrouvions encore plus isolés, plus rejetés, plus « différents » que jamais, et profondément tristes.
Si nous ressentions de la culpabilité ou de la honte, soit de notre ébriété même, ou de ses effets, notre sentiment d’isolement s’en trouvait accentué. A certains moments et à cause de notre conduite, nous en venions à craindre en secret ou même à croire que nous méritions cet ostracisme. Nous nous disions en nous-mêmes : « Se pourrait-il que je sois un intrus ? »
(Tels sont peut-être vos propres sentiments lorsque vous évoquez votre dernière cuite ou son pénible lendemain.)
La route déserte qui s’étendait devant nous paraissait morne, sombre et interminable. Il était si douloureux d’en parler, même d’y penser, que nous nous empressions de retourner boire.

mardi 1 mai 2012

VIVRE SANS ALCOOL

14 SE PROTEGER DE LA SOLITUDE On décrit l’alcoolisme comme « la maladie de la solitude » et peu d’alcooliques rétablis contestent cette opinion. En évoquant les derniers mois ou les dernières années de notre alcoolisme, des centaines de milliers d’entre nous se rappellent les sentiments d’isolement qu’ils éprouvaient, même au milieu de joyeux fêtards. Nous entretenions souvent un profond sentiment de non appartenance au moment même où nous nous comportions en êtres chaleureux et sociables.
Plusieurs ont dit qu’ils avaient commencé à boire pour « faire partie de la bande ». Ils avaient l’impression qu’il leur fallait boire pour « s’intégrer », pour sentie qu’ils appartenaient au genre humain.
Il est visible toutefois qu’en buvant de l’alcool, nous poursuivions un objectif égocentrique : autrement dit, c’est bien dans notre propre corps que nous déversions cet alcool et que l’effet s’en répandait. Parfois, il nous rendait temporairement plus sociable ou calmait notre sentiment d’isolement.