vendredi 31 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p. 56
« LA FOI VIENDRA »
Au début,
je rejetais tout ce qui faisait la moindre allusion à Dieu dans le programme
des AA. Je gardais même le silence lorsque les membres terminaient la réunion par la récitation du Notre-Père. (De
toute façon, je n’en connaissais pas les mots.)
Lorsque je
fais un retour en arrière, j’ai l’impression que je n’étais ni un agnostique,
ni un athée. Je sais seulement que je ne pouvais pas accepter ces « bondieuseries »
et je ne voulais pas non plus en arriver à croire, ni à avoir un quelconque
réveil spirituel. Après tout, j’étais venu chez les AA pour devenir abstinent
et le reste n’avait rien à voir là-dedans.
Malgré ma
stupide arrogance, vous m’aimiez quand même, vous me tendiez la main et, j’en
suis convaincu, vous utilisiez toute votre prudence et toute votre sagesse pour
essayer de me rejoindre par le biais du programme. Mais j’entendais seulement
ce que je voulais entendre.
jeudi 30 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p. 55/56
Puis, un
sentiment de honte et de culpabilité m’a envahi. J’avais été un ivrogne. Il me
suffirait de prendre un verre d’alcool et je pourrais, moi aussi, coucher un
autre petit Jimmy sur le versant d’une colline comme celle-ci. Je n’avais même
pas à m’enivrer pendant un mois, une semaine, ou même une journée ; je n’avais
qu’à prendre un seul verre et je serais capable de tuer un enfant.
J’ai su
que je devais prendre un nouveau départ et qu’il devait commencer ici-même, pas
ailleurs. Je me devais d’oublier le passé et de ne pas me préoccuper de l’avenir.
Aussi longtemps que je m’accrochais au passé d’une main et que je m’agrippais à
l’avenir de l’autre, je n’avais plus de main pour saisir aujourd’hui. Il me
fallait donc commencer ici, tout de suite.
Lorsque je
suis retourné à mon groupe AA, les « joyeux hypocrites » m’ont paru
différents. J’ai commencé à découvrir de l’amour dans leurs yeux, une chaleur
comme je n’en avais jamais ressentie auparavant. J’en ai parlé à mon parrain
qui m’a répondu : « la raison pour laquelle tu vois de l’amour dans
les yeux de ces gens, c’est que tu commences à les aimer. L’amour que nous
voyons dans les yeux des autres n’est que le reflet du nôtre. Nous devons aimer
pour être aimé. »
Decatur, Georgia
mercredi 29 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 55
Cet été-là,
un petit garçon de la ligue est mort. Il s’en retournait chez lui à bicyclette
lorsqu’un automobiliste en état d’ébriété l’a heurté et l’a fait tomber. Il est
mort sur le coup lorsque sa tête a heurté le sol du trottoir. Ce garçonnet
aimait tellement jouer au baseball que ses parents ont demandé et obtenu la
permission de l’enterrer vêtu de son uniforme. Ils ont acheté un terrain sur
une colline du cimetière qui surplombait le parc où il avait joué et c’est là
qu’ils ont enterré Jimmy, face au champ de baseball.
Par cette
froide matinée, j’ai pris ma voiture et je suis monté sur cette colline du
cimetière, aussi loin que j’ai pu circuler en auto. Lorsque je suis sorti de ma
voiture, j’ai parcouru à pieds le reste du chemin jusque la tombe de Jimmy. De toute
ma vie, je n’avais jamais vu une aussi belle journée. Pas une brindille ne
bougeait : le ciel était bleu clair ; la tranquillité n’était
troublée que par le mouvement d’un petit chien qui courait sur la tombe de
Jimmy ; j’ai pensé que Jimmy aurait aimé cela.
Comme je
me tenais là, près de la pierre tombale, je me suis rappelé un de mes vieux hymnes
favoris, « Dans le jardin ». Toujours debout au même endroit, j’ai
senti que la main de Dieu se posait sur mon épaule et ensemble, nous avons fait
une merveilleuse période de méditation.
mardi 28 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p. 54/55
PAR UNE JOURNEE D’HIVER
Près de
neuf mois s’étaient écoulés depuis mon dernier verre et j’étais malheureux. De façon
régulière, nous assistions aux réunions des AA ma femme et moi, et je m’y
assoyais en maudissant ces « joyeux hypocrites » qui étaient heureux
dans l’abstinence. J’étais malheureux parce que je n’avais pas d’emploi. (Naturellement,
ce que je voulais n’étais rien de moins que la vice-présidence d’une grande
société.)
Le jour
s’était levé clair et froid, après une des pires tempêtes de neige et de
verglas qu’Atlanta avait connue depuis de nombreuses années. Les arbres, les
poteaux, les fils du courant électrique et du téléphone étaient tombés à
plusieurs endroits ; la neige et la glace avaient recouvert tout le
paysage environnant. En errant comme une âme en peine dans la maison, j’ai
pensé à l’été précédent, alors que j’avais échappé aux difficultés du moment en
offrant mes services à la ligue de baseball pour jeunes. J’avais accordé peu de
temps et d’attention à mon fils, jusqu’à ce que je devienne membre des AA, et j’avais
été heureux lorsqu’il m’avait demandé de l’amener pour qu’il puisse jouer dans
la ligne de baseball. L’entraîneur était un homme avec lequel j’avais joué à la
balle quand nous étions enfants, et il m’avait proposé de l’aider à diriger son
équipe. Naturellement, j’étais ravi.
lundi 27 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p. 54
Graduellement,
j’ai commencé à voir émerger un autre aspect de moi-même – un moi reconnaissant
qui n’attendait rien mais qui demeurait convaincu qu’une autre puissance
commençait à me guider, à me conseiller, à diriger mes actions, et je n’avais
pas peur.
Alors,
comme cette puissance commençait à faire ressortir quelques aspects de ma
personnalité, j’ai commencé à mieux comprendre les autres. Avec ce nouveau
réveil spirituel qui se répétait chaque jour – forces nouvelles, vérités
nouvelles, nouvelle acceptation des membres des AA et des autres – j’ai
découvert un nouveau monde. Et l’expérience continue tous les jours.
L’adversité,
la solitude, la maladie, les privations et les déceptions n’ont plus d’importance
maintenant. Je suis heureux parce que j’en suis venu à croire, non seulement en
Dieu mais aussi dans la bonté qui se trouve en chaque être humain.
Barbeton, Ohio.
dimanche 26 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 53/54
DE NOUVELLES PERSONNALITÉS
Pour
moi, le réveil spirituel n’a pas été le résultat d’une recherche. D’autres
prétendent que la croyance spirituelle leur est venue avec la sobriété et je
désirais cette croyance de façon tellement désespérée qu’elle a failli m’échapper
complètement.
C’est
alors qu’une série d’épreuves ont surgi. J’avais l’impression de tout perdre. Ma
stabilité émotive était tellement fragilisée que parfois, j’ai songé au
suicide.
Toutefois
je n’ai jamais songé à prendre un verre, même si à certains moments, j’avais
envie de goûter à l’alcool. Il faut dire cependant que je me suis toujours
accroché à la Première Etape. Je la répétais toutes les cinq secondes et je
remerciais Dieu pour mon abstinence, peut-être, de la journée.
samedi 25 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 53
J’étais
assis dans le fauteuil le plus confortable, lisant et relisant le texte des
Douze Etapes et des Douze Traditions accroché au mur, les comprenant un peu
mieux après chaque lecture. L’odeur du café était invitante et je me suis versé
une tasse. Voici maintenant la récompense. Une force m’a ramené au fauteuil et
a attiré mon regard sur les Douze Etapes. Comme par un éclair, j’ai été frappé
par le message, par sa signification. J’ai reconnu la puissance dont j’avais
senti la présence à l’hôpital : Dieu, tel que je Le conçois. Et le plan m’a
été révélé : « … transmettre ce message à d’autres alcooliques …
mettre en pratique ces principes dans tous les domaines de notre vie. »
Il y a
toute une différence entre la personne qui ne croyait pas, qui n’avait aucun
Dieu, qui voulait mourir, et la personne d’aujourd’hui qui en est arrivée à
croire, qui n’a plus peur de mourir, mais qui veut vivre. Je dois encore
transmettre le message de nombreuses fois !
Stuttgart, Arkansas.
vendredi 24 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 53
J’avais
connu les AA par l’intermédiaire d’un membre alors que j’étais à l’hôpital. A ma
sortie, plusieurs membres des AA m’ont amené à un centre de rétablissement. A la
fin de mon stage dans cette clinique, je suis retourné dans ma ville et j’ai
été accueilli par des membres du groupe AA de l’endroit. J’ai trouvé un emploi
à temps partiel, allant d’un travail d’une heure par jour jusqu’à une journée
complète, selon ma condition physique et les conseils du médecin. Ce comportement
ne ressemblait pas à celui des gens que j’avais fréquentés et n’était pas dans
mes habitudes. Le travail ! Pendant des années, je n’avais connu que l’alcool,
le jeu, encore l’alcool, et tout ce qui s’ensuit.
Un jour
j’ai dû quitter après une heure de travail. Mon patron m’a raccompagné à la
maison, c’est-à-dire au club social des AA où je vivais et pour lequel j’avais
été nommé responsable. Voici ce qui s’est produit :
jeudi 23 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 52/53
Dès mon
arrivée à l’hôpital, les médecins ont déclaré (je l’ai appris plus tard) :
« Cet homme aurait dû mourir il y a plusieurs heures ». Pouvez-vous
imaginer qu’ils m’identifiaient comme un homme ? Je suis demeuré dans le
coma plusieurs jours, et selon les médecins et les infirmières, je n’avais
aucune chance de survivre. De temps en temps, je reprenais conscience l’espace
d’une seconde et alors, une fois de plus, je croyais à l’enfer et à son maître
le diable. Je ne pouvais pas m’imaginer que j’étais encore vivant.
Je ne sais
pas combien de fois ce voyage aller-retour dans le coma s’est produit ;
mais finalement, il y eut un instant où j’ai reconnu des personnes dans ma
chambre. Quelques temps plus tard, j’ai constaté que j’étais vivant. Encore plus
tard, j’ai commencé à croire que quelque chose de plus puissant que moi avait
pris le contrôle de ma vie. A cette époque, je ne pouvais associer ce « quelque
chose » avec Dieu ; il s’agissait simplement de quelque chose de plus
grand. J’aurais pourtant pu dire à mes médecins et aux infirmières que je me
rétablissais pour la simple raison qu’une force supérieure à eux et à moi avait
son plan. Nous n’étions que des instruments dans la réalisation de ce plan ;
je n’avais aucune idée de sa nature ; je demandais seulement à le
découvrir.
mercredi 22 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 52
J’ai
pris mon premier verre durant mon adolescence et à partir de cet instant jusqu’au
jour où je suis venu aux AA, l’alcool a pris toute la place tandis que Dieu et
l’église étaient progressivement mis de côté. Mon doute et mon incrédulité ont
pris de l’ampleur jusqu’à ce qu’il n’y ait plus pour moi ni Dieu ni ciel, ni
démon, ni enfer. L’alcool aidant, cette façon de penser me semblait facile et
correcte. J’aurais pu commettre un meurtre dans un moment de perte de mémoire
et je n’en aurais éprouvé aucun sentiment de culpabilité, aucune impression d’avoir
mal agi. Il m’est impossible de traduire en paroles la profondeur de mon
ressentiment.
Enfin,
poussé par la certitude que personne ne se souciait de moi et sachant que je ne
me souciais de personne, j’ai décidé de poser un geste définitif au sujet de
cette chose appelée la vie, la détruire. J’ai placé un fusil de chasse contre
ma poitrine et j’ai pressé la gâchette.
mardi 21 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 51/52
UN PLAN
INCONNU
J’ai eu
la foi jusqu’à l’âge de treize ans, alors que ma mère, me laissant orphelin (j’avais
déjà perdu mon père à l’âge de quatre ans). Jusque-là j’avais fréquenté les classes
de religion du dimanche ; j’étais allé régulièrement à l’église en
compagnie de ma mère ; j’étais devenu un membre actif de l’église à l’âge
de douze ans. Je me rappelle encore les histoires que ma mère et les
professeurs de l’école du Dimanche racontaient sur Dieu, sur Jésus, sur le ciel.
Je me souviens aussi de ce q’ils racontaient sur le diable et sur l’enfer.
Après le
décès de ma mère, mes deux frères aînés et moi avons habité avec un oncle et
une tante. Pendant un certain temps encore, j’ai continué à assister aux
services religieux de façon régulière, mais je ne pouvais pas comprendre
pourquoi ma mère nous avait été enlevée, et j’ai commencé à douter. Alors, j’ai
déserté l’église et l’école du dimanche.
lundi 20 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 51
Peu à
peu, ma vie a gravité entièrement autour du programme d’action des AA. J’avais
expérimenté la puissance du pardon de Dieu et, par la grâce, j’ai pu donner cette
réponse de gratitude qui dépasse tous les mots. La grâce de Dieu avait triomphé
de la mort que je portais et avait fait de moi un « membre de la deuxième
chance ». S’il avait fallu que cette grâce soit le résultat de ma
droiture, de mon obéissance, de ma bonté, ou de sacrifices volontaires, elle ne
me serait jamais venue car je n’avais rien de tout cela. C’était un don gratuit
à un candidat improbable. En assurant la victoire du pardon sur la mort, cette
grâce constitue la vérité qui m’a libérée et m’a permis de nous considérer vous
et moi, comme acceptables, parce que Dieu nous accepte pour ce que nous sommes,
des créatures imparfaites. Si je continue à progresser sur le chemin de la
grâce, comme je le demande dans mes prières, ce sera par l’amour et par le
travail au service du Mouvement et de cette Puissance supérieure à moi-même que
j’appelle Dieu.
New York, New York.
dimanche 19 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 50/51
J’ai
compris que cette action devait être accompagnée de patience, qu’en temps et
lieu, par exemple, je dormirai sans l’effet sédatif de l’alcool. Chaque soir,
après les réunions des AA, je m’entourais de livres, de revues, de boissons
gazeuses ; je m’assoyais devant le téléviseur prêt à rester éveillée toute
la nuit. D’après les conseils reçus c’était là mon action. J’étais prête à
attendre le sommeil. Je n’ai pas eu à attendre bien longtemps. Je me rappelle
être tombée endormie dans un fauteuil devant l’appareil de télévision pour la
première fois à ce que je me souvienne, et j’en suis venue à croire un peu
plus.
J’ai
entendu dire que nous ne pouvons pas conserver ce que nous avons acquis si nous
ne le donnons pas aux autres. Alors, j’ai rencontré une femme, un peu plus
nouvelle que moi, et j’ai partagé avec elle ce que vous aviez partagé avec moi.
En y réfléchissant je doute d’avoir aidé cette femme mais chose certaine, je me
suis aidée moi-même d’une façon remarquable. Je suis restée abstinente jour
après jour, en partageant avec elle mon expérience, ma force et mon espoir, et
en mettant en action le programme des
AA, tout en respectant le rythme de cette autre personne et en ne lui imposant
pas ma façon d’agir. Mon action était basée sur la patience, même si à l’époque, je ne parlais pas de patience ;
ce mot ne faisait pas encore partie de mon vocabulaire émotif.
samedi 18 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 50
Il fallait
que je comprenne que je n’avais pas le pouvoir de m’aider moi-même. Par la
grâce de Dieu, j’ai un jour vécu cette « minute de vérité », même si
à ce moment-là, je l’ai ressentie beaucoup plus comme un plongeon dans l’obscurité
totale que comme un « bond dans la foi », plus comme une défaite
humiliante que comme une expérience de transformation.
Rempli de
honte et de désespoir, je suis allé à ma première réunion des AA. Par une sorte
de miracle, j’au pu mettre mes opinions de côté et je n’ai ni analysé, ni jugé,
ni critiqué, j’ai plutôt tenté d’écouter et de comprendre. J’ai entendu quelqu’un
dire que le Mouvement des AA était efficace pour ceux qui font des efforts,
pour ceux qui mettent le programme en action.
A ce moment-là, l’action consistait pour moi simplement à être présent aux
réunions des AA et à suivre les suggestions qui m’étaient offertes. On m’a dit
que je devais oublier le passé et l’avenir pour le concentrer sur le premier
verre aujourd’hui, maintenant. J’ai essayé et cela a marché. Je venais de faire
le premier pas pour « en venir à croire ».
vendredi 17 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p. 49/50
ACTION ET PATIENCE
Tout comme
beaucoup de membres des AA, je n’ai jamais connu une expérience spirituelle
forte et consciente et je me sentais frustré. Cependant, comme le dit si bien
Bill, cofondateur de notre Mouvement : « Notre programme est bien
meilleur que nous le pensons. » C’est grâce à celui-ci que j’en suis venu
à croire, même si je ne m’en suis aperçu que plus tard.
J’avais
démarré dans la vie avec une vision optimiste et idéaliste, supporté par une
foi chrétienne et une pratique religieuse assidue. Quelque part en chemin, je
suis devenue victime de « la maladie qui mène à la mort » - folie,
angoisse, solitude. J’ai fait un réel voyage dans les ténèbres, séparé de Dieu,
des autres et de moi-même. Je regrette plusieurs des choses qui se sont
produites durant ce voyage mais je ne regrette plus qu’il ait eu lieu. Certains
d’entre nous sont plus aveuglés que d’autres par l’orgueil et l’entêtement, et
doivent être brisés avant de voir la lumière.
jeudi 16 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 49
LÂCHER PRISE
Depuis longtemps
j’avais en tête l’idée de réussir, d’avoir raison, d’être importante. Si je
lâchais prise, je ne serais personne. Pourtant, qui étais-je ? Simplement
une alcoolique têtue.
Maintenant,
je commence à comprendre que lâcher prise ne veut pas dire démissionner. Cela signifie
m’ouvrir à de nouvelles perspectives. J’ai connu des moments que je pourrais
qualifier d’extase. Je suis à la fois émerveillée et effrayée. Je me dis :
« je ferais mieux de ne pas trop aimer cette situation car elle ne durera
pas. » C’est tellement difficile pour moi de dire : « D’accord,
tu as eu un moment de lucidité. Accepte-le ! »
Le programme
AA nous dit : « Nous avons à t’offrir quelque chose qui va vraiment t’aider,
si tu cesses de courir un instant et que tu te détends. »
Il ne s’agit
pas de choses qui vont me rendre spéciale ou me procurer un meilleur emploi ou
me faire devenir importante. Elles vont seulement m’offrir un très beau mode de
vie. Quand je dis : « Je veux connaître un peu l’esprit qui réside en
moi », vous me répondez : « Vas-y. il n’y a pas de raison d’avoir
peur. Les ténèbres que tu rencontreras ne dureront pas parce qu’il y aura
toujours quelqu’un pour t’aider ».
San Francisco, Californie
mercredi 15 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 47
UN RÉVEIL SPIRITUEL 5
L’abstinence est-elle tout ce
que nous pouvons attendre d’un réveil spirituel ? Non, l’abstinence n’est
qu’un début ; elle n’est que le premier cadeau du premier réveil. Pour en
recevoir d’autres, notre réveil doit se poursuivre. Tout en ce faisant, nous
découvrons que nous pouvons abandonner peu à peu notre ancienne vie – celle qui
ne fonctionnait pas – pour une nouvelle façon de vivre adaptée à n’importe
quelle situation.
Bill W
A.A. Grapevine,
décembre 1957
mardi 14 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 46
L’exaltation
de cette expérience a duré plusieurs heures. Lorsque épuisée, je me suis
endormie, ce fut avec la conviction que j’avais enfin commencé mon ajustement à
la vie et tant qu’alcoolique. Dès cet instant, j’ai commencé à changer. Peu à
peu je pouvais reconnaître quand je faisais ma propre volonté et m’arrêter, car
l’expression « Ta volonté et non la mienne » était devenue plus que
des simples mots. Souvent, il m’a été difficile de me conformer à ce principe,
mais petit à petit, cela semble plus facile. Mon nouveau cheminement s’effectue
au rythme de deux pas en avant, un pas en arrière, deux pas en avant, au lieu
d’être un recul continuel. Les journées sont trop courtes et rarement ternes.
Chaque jour est un nouveau défi pour rester abstinente et continuer à avancer
droit devant moi.
Charleston, Virginie
lundi 13 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 45/46
J’ai eu
peur et en tremblant, j’ai couru au téléphone pour appeler une nouvelle amie
des AA. Elle est venue immédiatement et a passé la soirée avec moi. Nous avons
discuté de la Première Etape et je me suis reconnue dans ses paroles. Quand
nous sommes arrivées à la Deuxième Etape, j’ai admis que je nageais en pleine
confusion. Tard ce soir-là en me quittant, elle m’a confié ce livre inspiré
qu’on appelle le Gros Livre.
J’ai
commencé immédiatement à le lire. Dans le quatrième chapitre le mot
« espérance » a jailli des pages avec la clarté d’une enseigne au
néon. J’ai lu et relu certaines phrases jusqu’au moment où je me suis rendue
compte que je riais et pleurais à la fois et que je n’étais plus assise, mais
que je marchais de long en large comme une folle. On aurait dit qu’on venait de
me soulager d’un lourd fardeau. Pour la première fois, j’ai commencé à
comprendre que je ne pouvais pas boire comme les autres, que je n’étais pas
comme les autres et que je n’aurai plus besoin d’essayer. Je me sentais comme
Scrooge dans un autre livre de Dickens, « Les Contes de Noël ». Quand
Scrooge se réveille et s’aperçoit qu’après tout, il n’a pas manqué Noël, il
danse. Il pleure, il rit, tout comme je le faisais à ce moment-là. Scrooge et
moi avions connu une nouvelle naissance pour vivre comme jamais auparavant.
dimanche 12 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 45
Pendant
environ trois mois, j’ai assisté à des réunions des AA quatre fois par semaine.
Même si chacune de mes rencontres avec le mouvement était enrichissante, il
semblait y avoir une lacune énorme dans ma recherche de la sérénité pour
laquelle nous priions si souvent. (Pendant toute cette période on ne m’a jamais
parlé du Gros Livre.) Un soir, alors que je me sentais très déprimée, je me
suis versé un verre d’alcool. On aurait dit qu’une autre personne agissait à ma
place. J’ai échappé le verre.
Au
moment où je me versais un autre verre, je me suis rendue compte que je priais
et demandais de l’aide. Le second verre est tombé et s’est fracassé comme le
premier. Entêtée je m’en suis servie un troisième, je l’ai tenu à deux mains et
je l’ai bu. Soudain, il m’est apparu évident que ce n’était pas ce que je
voulais.
samedi 11 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 44/45
VERRE BRISE
« C’était
la meilleure époque, c’était aussi la pire … » C’est ainsi que débute le
roman de Charles Dickens « Un conte de deux villes ». Dans ma vie,
1968 fut aussi comme ça. Dès le début chaque évènement me poussait plus près du
désespoir. Les membres de ma famille avaient cessé depuis longtemps de me faire
des reproches, sauf pour me dire qu’ils espéraient que je puisse me ressaisir
bientôt. Heureusement, ils m’ont laissée me retrouver. Peu d’alcooliques ont
cette chance. Ils auraient pu me ramener à la maison et me cacher, m’envoyer
dans un établissement ou me dire que je ne valais rien et m’abandonner. Au lieu
de cela, leur amour et leur foi en une Puissance supérieure ont plutôt incité
ma famille à surveiller et à attendre.
J’ai
lancé un premier appel aux AA pour demander qu’on m’envoie de la documentation.
Quand je l’ai reçue, j’en ai dévoré chaque ligne, mais j’ai continué à boire.
J’ai rappelé les AA une autre fois. J’avais peur de téléphoner chez moi pour
leur demander de m’envoyer dans un établissement psychiatrique, même si j’étais
convaincue d’être folle ; aucune personne saine d’esprit ne continuerait à
boire si elle ne le voulait pas.
vendredi 10 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p. 44
Je me
suis rendu à la salle de bain crasseuse, je me suis agenouillé et j’ai
supplié : « Mon Dieu, enseigne-moi à prier. » Je suis resté
longtemps ainsi et lorsque je me suis relevé pour quitter la pièce, j’étais
certain que je n’aurais jamais à prendre un autre verre d’alcool. Ce jour-là,
j’en suis venu à croire que Dieu m’aiderait à demeurer abstinent
d’alcool. ? Depuis ce temps, j’en suis venu à croire que Dieu m’aidera
dans toutes les situations difficiles.
Depuis
mon dernier verre, je n’ai pas eu à faire face à autant de problèmes
qu’auparavant. Au fur et à mesure que je comprends mieux ce qui m’est arrivé,
je ne crois pas que c’était ce matin-là dans la chambre d’hôtel, que j’ai
trouvé Dieu. Je crois que crois qu’Il avait toujours été présent en moi, tout
comme Il se trouve en chacun d’entre nous ; je l’ai simplement découvert
en nettoyant les ruines de mon passé, comme le recommande le Gros Livre.
Birmingham, Alabama
jeudi 9 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 43/44
J’avais
quatre bons parrains. L’un d’eux était mon conseiller spirituel mais il ne
m’était pas très sympathique. Chaque fois qu’il prenait la parole en public, il
parlait de Dieu, tel qu’il LE concevait. Même si je détestais ses propos et
l’écoutais à contrecoeur, un jour, il a touché une de mes cordes sensibles. Il
a dit : « Quand vous avez épuisé toutes vos ressources, famille,
amis, médecins et pasteurs, il en existe encore une autre : c’est la
source qui ne tarit jamais, qui est toujours disponible et désireuse de
secourir. »
Ces mots
me sont revenus à la mémoire dans une chambre d’hôtel après une beuverie de
trois semaines. J’ai compris de façon intense à quel point je ruinais ma vie,
devenue une véritable catastrophe. Mon second mariage avait échoué et les
enfants en souffraient. Ce matin-là, j’ai eu le courage d’être honnête. Je
savais que j’avais failli en tant que père, mari et fils. J’avais échoué à
l’école et dans les forces armées, et j’avais successivement perdu tous les
emplois et tous les commerces que j’avais eus.
Ni la religion, ni la médecine, ni les AA n’avaient réussi à m’aider. Je
me sentais complètement vaincu. Alors je me suis rappelé certaines phrases de mon
parrain : « Quand tout a échoué, saisis une corde et ne la lâche pas.
Demande à Dieu la force de demeurer abstinent d’alcool durant une
journée. »
mercredi 8 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p. 43
« DEMANDE
DE LA FORCE A DIEU »
Mes
parents m’ont élevé dans une saine atmosphère, m’ont donné une bonne éducation
et m’ont amené régulièrement à leur église. Par contre, leur conception d’un
Dieu terrible et vengeur représentait une menace, et j’ai essayé de me tenir
loin de Lui et de ceux qui y croyaient. Pourtant, mon besoin d’obtenir
l’approbation de ma famille et de mes amis entrait en conflit avec mon
incroyance. Incapable de vivre selon les enseignements de mes parents, je me suis
sauvé sans cesse, refusant de croire en Dieu.
Lorsque
je suis arrivé chez les AA, en 1955, je n’avais que trente et un ans. « Tu
es trop jeune. Tu n’as pas assez bu. Tu n’as pas assez souffert »,
disaient certains membres. J’ J’avais encore une famille (même si c’était la
deuxième) un emploi, un compte en banque, et j’allais acheter une maison. En
même temps, j’avais déjà connu toute la gamme des bas-fonds. J’avais donc
assisté à des réunions des AA et pendant cinq mois, j’ai attendu cet éclair et
ce coup de tonnerre qui devait transformer ce jeune homme que j’étais en un
alcoolique responsable et réformé. Ma vision était toutefois limitée ;
j’entendais mal. La déception de ne pas connaître un grand réveil spirituel m’a
fait négliger mes efforts de rétablissement. Pourtant, après chaque rechute, je
retournais chez les AA.
mardi 7 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p. 42/43
Les
choses que j’avais cru nécessaires pendant tant d’années ne me semblaient plus
importantes maintenant que j’étais conscient des ressources spirituelles que
Dieu m’avait données. Avec elles, je n’ai pas besoin d ‘alcool pour
fonctionner. Quelle joie de demeurer abstinent grâce à l’amour et non à cause
de la peur !
Depuis
ce jour, j’ai pu profiter de dix-sept mois d’abstinence. J’écris ces lignes à
l’intention de l’alcoolique qui, par ses paroles et ses actions, croit avoir
trop résisté à la volonté divine pour avoir encore des chances de se rétablir.
Si vous êtes sincères dans vos prières, ce don merveilleux est à votre
disposition, comme il l’a été pour moi.
Toronto, Ontario
lundi 6 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 42
Il est
arrivé une chose étrange ce même après-midi. J’ai refusé de céder à la
compulsion de boire. Après environ trois heures d’agonie, j’ai demandé l’aide
de Dieu puis, j’ai quitté ma chambre, rempli d’une force que je n’avais pas
crue possible
Pendant
les deux semaines qui ont suivi, je me suis senti « transformé » sans
avoir recours à l’alcool ou à d’autres drogues. Pour la première fois dans ma
vie d’adulte, j’étais pleinement conscient de la présence active de Dieu dans
l’univers et à l’intérieur de moi. La beauté d’un visage d’enfant, l’herbe
verte, les arbres, le réveil matinal sans maux de tête, la planification des
activités quotidiennes, toutes ces choses m’apparaissaient comme des
découvertes merveilleuses. Il me semblait que le ressentiment, la haine et la
peur avaient disparu ; j’étais capable de pardonner et d’oublier.
dimanche 5 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 42
En
plusieurs occasions, je m’étais moqué de l’aspect spirituel de notre programme,
en disant que ces bondieuseries ne valaient que pour les faibles et les
hypocrites. Mais cette fois-là, ce fut différent. Après ma dernière cuite, je
savais que si je continuais à boire, ce serait la folie ou la mort. Cette
fois-là j’ai prié. J’ai compris, je ne sais trop comment, que s’il y avait une Puissance supérieure à
moi-même capable de me délivrer de la souffrance, il me fallait essayer de La
trouver.
A mon
quarante-cinquième jour d’abstinence retrouvée, je suis retourné à ma petite
chambre du centre-ville de Toronto et j’au sombré dans un état de dépression
qu’aucun mot ne saurait décrire. J’avais l’impression que mon corps était
complètement séparé de mon âme. J’ai vu plus clairement que jamais la futilité
de mon existence, et la destruction causée par mon orgueil et mon entêtement à
m’imaginer que je pouvais prendre « juste quelques verres ». J’en
étais rendu au stade où je ne pouvais plus continuer seul, ivre ou abstinent.
C’était, mes amis, une solitude que j’espère ne jamais oublier.
samedi 4 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 41/42
« DEMEURER SOBRE GRÂCE A L’AMOUR »
Je fréquentais
régulièrement les réunions AA depuis presque deux ans mais je ne pouvais pas demeurer
abstinent d’alcool. Un jour, je me suis retrouvé dans une petite chambre du
centre-ville de Toronto. A cause de l’alcool, j’avais perdu l’amour et le
respect d’une femme charmante, de quatre enfants en parfaite santé, d’une mère,
d’un père et d’autres parents et amis. J’étais seul encore une fois, avec ce
terrible sentiment d’isolement complet et la crainte d’une catastrophe
imminente. Alors, une fois de plus, rempli de haine, d’envie, de cupidité, de
paresse et par-dessus tout de désespoir extrême, je me suis présenté à la porte
des Alcooliques anonymes.
Mes amis
AA avaient, à juste titre, des doutes sur la sincérité de mon retour au
bercail, puisqu’ils m’avaient vu si souvent arriver et repartir, pour
finalement n’accumuler que six mois d’abstinence continue. Je remercie Dieu de
la compassion, de l’amour et de la compréhension d’un couple membre des AA qui
m’ont aidé pendant les quarante-cinq jours suivants. Cet homme et cette femme m’ont
fait respirer et vivre la vie des AA grâce à des conversations téléphoniques, à
des réunions ouvertes, à des rencontres de partage, à de longues conversations
autour de leur table de cuisine et par-dessus tout, grâce à la prière.
vendredi 3 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 41
Les mots
que j’ai finalement prononcés semblaient m’avoir été arrachés de la bouche :
« Mon Dieu, où trouverai-je la force de vaincre mon alcoolisme ? »
La voix qui m’a répondu était calme et d’une douceur indescriptible. « Tu
en as la force. Tout ce qui te reste à faire, c’est de t’en servir. Je suis
ici. Je suis avec toi. Sers-toi de moi. »
Ce jour-là
fut celui de ma renaissance. Depuis lors, le besoin d‘alcool m’a quitté. Durant
les onze années qui ont suivi, j’ai trouvé dans l’abstinence d’alcool ce que j’avais
cherché dans la bouteille. Je désirais la paix ; Dieu m’a donné la paix. Je
cherchais l’acceptation ; Dieu m’accepté. Je voulais être aimé ; Dieu
m’a assuré de son amour.
Mes enfants
ont grandi. Ils sont aujourd’hui de beaux enfants qui, chaque jour, mettent
systématiquement en pratique le programme des AA – amour, service et honnêteté.
Nous avons tous grandi ensemble, ce qui nous a rendus bons amis.
Honolulu, Hawaï
jeudi 2 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 40
Encore une
fois, je me suis traîné au groupe des AA. J’ai vraiment écouté pour le première fois, j’ai entendu le message. Ce soir-là,
je suis retourné chez moi dans un état d’engourdissement. Je faisais face à une
situation sans savoir comment l’affronter. Ma chance n’allait pas tourner. C’est
moi qui devais changer. En étais-je
capable ? Dieu, tel que je Le
concevais, était certes dégoutté de moi. J’avais conclu des marchés avec lui, j’avais
essayé de l’enjôler et j’avais manqué à toutes les promesses que je lui avais
faites. Comment pouvais-je me tourner vers Lui maintenant ?
Alors que
j’étais assis dans la salle de réunion vide, je pouvais entendre ces paroles :
« Car Dieu a tant aimé le monde … car Dieu a tant aimé le monde … »
mercredi 1 janvier 2014
Nous en sommes venus à croire, p 40
« SERS-TOI DE MOI »
Je me
suis joint aux AA en octobre. Pourtant, j’ai bu le jour de Noël et la veille du
premier de l’an, sans conséquences désastreuses. Je suis retourné à mon groupe
des AA, fier d’avoir survécu à la période des fêtes. Je viendrai à bout de
l’alcool. Il ne m’avait pas encore
vaincu !
Deux semaines
plus tard, on m’a retrouvé fin soûl. Je n’avais pas planifié cette cuite ;
je n’y avais même pas pensé. J’ai simplement commencé à boire sans pouvoir m’arrêter
avant d’être ivre mort. En moi, quelque chose n’allait pas. J’étais atteint d’une
maladie qui m’atteignait au plus profond de mon âme. Je ne pouvais plus m’endurer.
Je ne pouvais plus regarder mes enfants dans les yeux. Je ne pouvais plus faire
face à quoi que ce soit.
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