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lundi 7 décembre 2009

Bill écrit sur la FOI - 9


Mon propre réveil spirituel n’avait donné une foi instantanée, un vrai cadeau. Mais j’avais manqué d’humilité et de sagesse. Je me vantais de ma foi en oubliant mes idéaux. L’orgueil et l’irresponsabilité avaient repris leur place. En me coupant ainsi de ma lumière, il ne me restait pas grand-chose à offrir à mes semblables. J’avais donc pour eux une foi morte. Je voyais enfin pourquoi beaucoup d’entre eux étaient repartis, certains pour toujours.

La foi est donc plus que notre don le plus précieux. Savoir la partager avec les autres est notre plus grande responsabilité. Puissions-nous, membres des AA, rechercher continuellement la sagesse et l’empressement qui nous permettent de bien remplir cette immense obligation que l’auteur de tout don parfait nous a confiée.
Cinq articles de Bill - la foi

dimanche 6 décembre 2009

Bill écrit sur la FOI - 8


Cette histoire est celle d’un homme d’une grande valeur spirituelle, comme le prouvaient ses grandes qualités : humour et patience, douceur et courage, humilité et dévouement, générosité et amour, autant de qualités que je ne viendrais peut-être jamais près d’égaler moi-même. Tel était l’homme que j’avais réprimandé et traité avec condescendance, l’« incrédule » que j’avais cru pouvoir instruire !
Mary m’a raconté cette histoire il y a plus de vingt ans. Pour la première fois, j’ai compris brusquement que la foi peut être vraiment morte, quand elle est sans responsabilité. Ce médecin avait eu une foi inébranlable dans ses idéaux, mais il pratiquait aussi l’humilité, faisait preuve de sagesse et avait le sens des responsabilités. Il me l’avait prouvé.

samedi 5 décembre 2009

Bill écrit sur la FOI - 7


Trois ans plus tard, je retournai chez mon ami du Midwest. Mary, la femme du médecin, passa me voir et m’apprit que son mari était mort la semaine précédente. Très émue, elle se mit à me parler de lui.
Il venait d’une famille notoire de Boston et il avait fait ses études à Harvard. Etudiant brillant, il aurait pu devenir un médecin réputé. Il aurait pu jouir d’une pratique et d’une vie opulente, entouré d’amis. Il avait plutôt choisi de devenir médecin d’entreprise dans une ville industrielle déchirée par les conflits sociaux. Mary lui demandait parfois de retourner à Boston, mais il prenait sa main et lui disait : « Peut-être as-tu raison, mais je n’arrive pas à me résigner à partir. Je crois que les gens de l’entreprise ont vraiment besoin de moi. »
Mary ne se rappelait pas avoir jamais entendu son mari se plaindre sérieusement de quelque chose ou critiquer quelqu’un avec amertume. Même s’il semblait en parfaite santé, il avait ralenti depuis ces cinq ans. Quand elle le poussait à sortir le soir ou à se rendre au bureau à l’heure, il avait toujours une excuse plausible et aimable. Ce n’est que lorsqu’il tomba soudainement malade qu’elle découvrit qu’il avait été cardiaque tout ce temps et qu’il aurait pu mourir à tout moment. A part un autre médecin de l’entreprise, personne n’était au courant. Quand elle lui en fit le reproche, il lui dit simplement : « Je ne voyais pas l’utilité d’inquiéter les gens, surtout toi, ma chérie. »

vendredi 4 décembre 2009

Bill écrit sur la FOI - 6


C’est un soi-disant incroyant qui m’a amené à voir ça très clairement il y a plusieurs années. Il était médecin, un bon médecin. Je l’ai rencontré avec sa femme Mary dans une soirée purement mondaine chez un ami de la ville du Midwest. Mon seul intérêt était notre association d’alcooliques et je monopolisais presque entièrement la conversation. Toutefois, le médecin et sa femme semblaient réellement intéressés, et ce dernier m’a posé beaucoup de questions. L’une d’elles m’a amené à le soupçonner d’être agnostique, ou peut-être athée.

Aussitôt stimulé, j’entrepris de le convertir sur-le-champ. Avec le plus grand sérieux, je me vantai de la spectaculaire expérience spirituelle que j’avais connue l’année précédente. Le docteur demanda doucement si cette expérience ne pouvait pas avoir été autre chose que ce que je pensais. Le coup était dur, et j’ai été carrément impoli. Le médecin ne m’avait pas vraiment provoqué ; il était demeuré courtois, d’humeur agréable et même respectueux. D’un air songeur il me dit qu’il avait souvent désiré avoir une foi solide, lui aussi. Il était clair que je n’avais pas réussi à le convaincre de quoi que ce soit.

jeudi 3 décembre 2009

Bill écrit sur la FOI - 5


Le nouveau dit alors qu’il en avait assez, et c’était vrai. Son parrain eu beau dire que le mouvement n’était pas comme cela, il était trop tard ; notre candidat était désormais inaccessible. De plus, on lui donnait l’excuse parfaite pour retourner boire. La dernière fois que nous avons entendu parler de lui, il semblait avoir un rendez-vous prématuré avec la mort.
Heureusement, une telle agressivité au nom de la spiritualité n’est plus aussi fréquente aujourd’hui. Pourtant, nous pouvons tirer profit de ce triste et inhabituel épisode. Nous pouvons nous demander si nous ne sommes pas sujets, plus que nous ne l’avions d’abord supposé, à de tels accès de vanité spirituelle, d’un genre peut-être moins évident, mais aussi destructeur. Je suis sûr qu’aucun examen de conscience ne saurait être plus profitable, si nous nous y appliquions constamment. Rien ne saurait améliorer davantage nos communications les uns avec les autres et avec Dieu.

mercredi 2 décembre 2009

Bill écrit sur la FOI - 4


Personne n’est plus sensible qu’eux à la suffisance, à l’arrogance et à l’agressivité spirituelles, et nous l’oublions sans doute trop souvent. Au début du mouvement, je suis moi-même venu bien près de gâcher toute l’entreprise avec ce genre d’arrogance inconsciente. Tout le monde devait croire en Dieu tel que je le concevais. Mon agressivité était parfois subtile, parfois grossière, mais toujours nuisible – et peut-être mortelle – pour nombre d’incroyants. Evidemment ce problème ne surgit pas seulement dans la pratique de la douzième Etape, mais risque de se manifester dans toutes nos relations avec les autres. Encore aujourd’hui, je me surprends à chanter le même vieux refrain, qui dresse aussitôt un mur : « Faites ce que je fais, croyez ce que je crois, sinon … »
Voici un exemple récent du coût élevé de l’arrogance spirituelle. On emmena à sa première réunion des AA un candidat aux idées bien arrêtées. Le premier orateur parla surtout de ses propres habitudes de buveur, ce qui sembla impressionner notre candidat. Les deux autres conférenciers (ou bien étaient-ce des professeurs ?) avaient pris pour thème « Dieu tel que je le conçois ». Leur exposé aurait pu être bon mais il ne l’a pas été à cause de leur attitude et de leur façon de parler de leur expérience. Ils étaient pleins d’arrogance. Le dernier orateur dépassa largement les bornes en présentant ses propres convictions théologiques. Tous les deux faisaient exactement la même chose que moi autrefois. On retrouvait implicitement dans tout ce qu’ils racontaient, sans qu’ils l’expriment, la même idée : « Ecoutez-nous. Nous possédons le seul vrai programme des AA, et vous feriez mieux de nous imiter ! »

mardi 1 décembre 2009

Bill écrit sur la FOI - 3


Nous pouvons aussi regarder d’un oeil neuf le problème de l’absence de foi à notre propre porte. Bien que trois cent cinquante alcooliques se soient rétablis en trente ans, il y en a peut-être cinq cent mille autres qui sont venus nous voir et qui sont repartis. Certains étaient sans doute trop malades pour avoir même une chance. D’autres ne pouvaient pas ou ne voulaient pas admettre leur alcoolisme. D’autres encore ne pouvaient pas faire face à leurs problèmes de personnalité sou jacents. Beaucoup sont repartis pour d’autres raisons.

Nous ne pouvons pourtant pas nous contenter de croire que tous ces échecs sont totalement imputables aux nouveaux eux-mêmes. Beaucoup d’entre eux n’ont peut-être pas reçu, en qualité et en quantité, le parrainage dont ils avaient tant besoin. Nous n’avons pas communiqué quand nous aurions pu le faire. Nous, les AA, n’avons pas répondu à leurs attentes. Peut-être nous arrive-t-il encore plus souvent que nous le croyons de ne pas communiquer en profondeur avec ceux qui font face au dilemme de l’incroyance.