Plus tard, laissé à moi-même, j’ai
continué à me sentir entouré d’une bienveillante protection. Mes supérieurs
immédiats, hommes ou femmes, semblaient nourrir envers moi autant de
bienveillance que mes professeurs l’avaient fait. Curieusement, cette bonne
fortune m’irritait parfois. « Que se passe-t-il ? Me demandais-je. Est-ce
que j’éveille l’instinct maternel ? » Je sentais qu’un élément intérieur,
au plus profond de moi-même, était en lutte contre ma foi en l’être humain. C’était
un orgueil rigide et déchaîné, un besoin d’indépendance totale. Avec les gens
de mon âge, j’avais toujours été d’une timidité maladive et, même à cette
époque, je voyais avec justesse ce handicap comme un symptôme de mon égoïsme,
la crainte que les autres ne partagent pas la haute opinion que j’avais de moi-même.
Cette opinion n’incluait
certainement pas l’image de moi en tant qu’ivrogne. Je soupçonne souvent que l’orgueil
tue autant d’alcooliques que la boisson. J’aurais facilement pu être victime,
car j’ai surtout réagi à la progression en flèche de mon alcoolisme par des
efforts désespérés pour le camoufler. Demander de l’aide ? Quelle idée ridicule
!
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