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mercredi 16 avril 2014

Littérature - Nous en sommes venus à croire- p. 100

Plus tard, laissé à moi-même, j’ai continué à me sentir entouré d’une bienveillante protection. Mes supérieurs immédiats, hommes ou femmes, semblaient nourrir envers moi autant de bienveillance que mes professeurs l’avaient fait. Curieusement, cette bonne fortune m’irritait parfois. « Que se passe-t-il ? Me demandais-je. Est-ce que j’éveille l’instinct maternel ? » Je sentais qu’un élément intérieur, au plus profond de moi-même, était en lutte contre ma foi en l’être humain. C’était un orgueil rigide et déchaîné, un besoin d’indépendance totale. Avec les gens de mon âge, j’avais toujours été d’une timidité maladive et, même à cette époque, je voyais avec justesse ce handicap comme un symptôme de mon égoïsme, la crainte que les autres ne partagent pas la haute opinion que j’avais de moi-même.


Cette opinion n’incluait certainement pas l’image de moi en tant qu’ivrogne. Je soupçonne souvent que l’orgueil tue autant d’alcooliques que la boisson. J’aurais facilement pu être victime, car j’ai surtout réagi à la progression en flèche de mon alcoolisme par des efforts désespérés pour le camoufler. Demander de l’aide ? Quelle idée ridicule !

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