D'étranges
phénomènes ont commencé à se produire. J’avais cru être heureuse durant mes
premiers dix-huit mois d’abstinence mais maintenant, tout devenait plus beau ;
les gens me semblaient plus gentils et je vivais des moments d’intériorisation
intense. On aurait dit que les mots et les phrases que j’avais entendus toute
ma vie prenaient tout à coup un sens plus profond et rejoignaient mes émotions
beaucoup plus que mon intellect. On aurait dit que ma raison et mon cœur
devenaient « un ». Je n’avais plus l’impression d’être deux personnes
toujours en conflit dans un même corps. Durant cette période de six semaines,
j’ai acquis la certitude d’être pardonnée totalement. Et, depuis ce temps, je
n’ai jamais ressenti la culpabilité qui auparavant avait hanté toute ma vie.
Plus d’une fois, j’ai senti une Présence que je peux simplement décrire comme
une source merveilleuse de chaleur, d’inspiration et de réconfort.
Durant
cette période, même si je ne pleurais plus lorsque j’étais éveillée, il
m’arrivait souvent de me réveiller la nuit parce que mon oreiller était froid
et humide. Comme si toutes ces larmes faisaient fondre le glacier qui entourait
mon cœur, un glacier qui m’avait éloignée, non seulement des autres personnes,
mais aussi de mon véritable moi. Plus tard, lorsque j’ai fait part à d’autres
membres des AA de cette expérience étrange, ils m’ont répondu que j’avais connu
le « chagrin des AA ».
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