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vendredi 30 novembre 2012

Best of Traductions

« Allons Gladys » dit l’un d’eux, « Montre-nous la plante de tes pieds ». Je demandai à la policière pourquoi diable voulaient-ils regarder la plante de ses pieds. Elle m’expliqua que c’était à cause de l’argent : beaucoup d’alcooliques le fixent là à l’aide d’une bande plastique autocollante au cas où ils s’évanouiraient ou se feraient boucler. Je les regardais essayer de prendre les empreintes de Gladys ; ils ne pouvaient lui faire mettre les doigts sur le comptoir car elle les retirait sans cesse … Et soudain elle se rua en avant et ils tombèrent tous sur le dessus de la table. Vu d’un certain angle, l’effet était grotesque, tous les éléments d’un Vaudeville s’y trouvaient, et cependant l’essence même de la situation était une véritable tragédie.
Je me sentais vidée en quittant cette prison, mais au moins je m’étais fait une idée pour tourner les scènes d’alcoolisme. Ce serait peut-être difficile de me changer le visage, mais j’avais appris les paroles et les gestes de ces malheureuses femmes. Je leur étais des plus reconnaissante. »

jeudi 29 novembre 2012

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« Que s’est-il passé cette fois ? », demandait la policière à chacune d’elles, tour à tour. « Qu’est-ce qui vous a fait reboire ? » Elles n’étaient que quatre, dans de minuscules petites cellules séparées par des barreaux d’acier, avec des paillasses à même le sol de béton. La policière parla à chacune d’elles ; elles avaient toutes une histoire terrible derrière elles.
J’étais sur le point de partir quand soudain deux policiers sortirent de l’ascenseur, soutenant une femme qui semblait incapable de se tenir debout. Elle paraissait complètement amorphe, comme la féroce caricature d’une virée qui aurait duré une semaine. Ils devaient la tenir contre le comptoir pendant qu’on faisait le relevé des quelques objets en sa possession, mais ils ne parvenaient pas à connaître son nom, elle semblait incapable de s’en souvenir. Elle commença à parler et à raconter des blagues. Elle était d’humeur très gaie, et après dix bonnes minutes elle se rappela qui elle était. Elle s’appelait Gladys et travaillait comme cuisinière en petite restauration, quelque part. Les policiers furent très patients avec elle (peut-être à cause de ma présence) et ils notèrent tout ce qu’elle portait sur elle avant de la mettre debout ; elle avait aux pieds des mules d’intérieur complètement usées.

mercredi 28 novembre 2012

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Juste avant de commencer à travailler sur le film, ils nous emmenèrent Jack Lemon et moi, visiter les prisons de la ville. Jack devait jouer une scène de delirium tremens et, bien qu’ayant également assisté à des réunions AA, il ne pouvait imaginer à quoi ressemblait un delirium tremens. Cet épisode « prisons » me fut très utile – même si je ne pus aller dans la première (réservée aux hommes) – mais ils conduisirent Jack voir le « réservoir à ivrognes ». La deuxième que nous visitâmes avait une section femmes à l’étage.
Je fus présentée à une policière, courtoise et serviable, à qui ma présence en cet endroit paraissait pourtant bizarre : voir des femmes enfermées et si possible m’entretenir avec l’une ou l’autre d’entre elles ! Je voulais surtout les observer et les entendre parler parce que je devais me faire une idée de la réaction des femmes alcooliques dans cette situation. Ce que je remarquai, c’est qu’elles semblaient toutes avoir certaines similitudes : cela venait de leurs cheveux, de leur peau et de leur regard.

mardi 27 novembre 2012

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Quand nous arrivâmes en Californie, je voulus en apprendre plus sur AA avant de commencer le tournage et Jim Miller me présenta à quelques autres personnes très serviables. Elles m’emmenèrent à une sorte de réunion au quartier des clochards : ils n’étaient là qu’une dizaine, dont quelques-uns en piteux état. C’était dans une salle à Los Angeles. Il y avait toujours du café et des beignets, mais cette fois-ci il n’y avait personne qui riait. Je fus profondément émue par l’atmosphère ambiante. Pour moi, en tant qu’étrangère, elle était réellement impressionnante et contrastait fortement avec l’autre réunion où j’étais allée en compagnie de Jim. C’est à dessein que celui-ci m’avait conduit une première fois à Park Avenue et cette fois à Los Angeles : il voulait que je me rende compte qu’en AA tout le monde n’avait pas de manteau de vison et de Cadillac…

lundi 26 novembre 2012

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Comparativement, la propre jeunesse de Lee Remick avait été sans histoires. Née à Boston, elle vivait, depuis le divorce de ses parents, avec sa mère à New York.
« Après avoir quitté l’école privée de Manhattan, j’ai continué à étudier le ballet ; j’y ai travaillé très dur de huit à dix-huit ans. J’ai commencé ma carrière de danseuse professionnelle à la télévision où j’eus par la suite à jouer un petit rôle à la TV. Cela déboucha sur une pièce à Broadway qui s’est jouée exactement trois soirées et puis je fus casée dans la réserve d’été. S’ensuivirent des comédies musicales, des pièces et davantage de travail en télévision. Un spectacle télévisé me mena à mon premier film, « Un visage dans la Foule », dans lequel une vedette de TV devient une espèce de monstre.
C’est alors que la roue a commencé à tourner et à partir de ce moment-là, j’ai tourné un film par an tout en continuant à vivre à New York. Il y eut  « Le long Eté Brûlant », « Les mille Collines » et, juste après la naissance de ma fille Kate, « Anatomie d’un Meurtre », un très bon scénario et une excellente distribution. Mon fils Matthew naquit en 1961. Ce qui nous amène aux « Jours du Vin et des Roses ».

dimanche 25 novembre 2012

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« La Soixantième et le Parc ? » J’étais étonnée car c’était un quartier très chic de New York. « Certainement » dit Jim, « c’est là que la réunion a lieu. »
Ainsi j’y suis allée et je l’ai rencontré sur le perron d’une grande église ; tout ce que je pouvais voir c’était des files de Cadillac garées dans la rue. Nous descendîmes dans la salle et les personnes présentes me regardaient comme à toute autre réunion de l’élite sociale de la ville. Il devait y avoir là une centaine de personnes, et plusieurs orateurs semblaient venir de Long Island, un autre beau quartier.
J’ai certainement appris des choses sur les alcooliques à cette réunion. J’étais très impressionnée par leurs histoires et surprises que certains d’entre eux fussent si drôles alors que d’autres étaient tristes. Une jolie femme au foyer parla de son expérience : aussi bien des évènements comiques que des faits tragiques survenus à cause de la boisson. Un autre jeune homme, qui paraissait avoir à peine vingt-six ans, disait qu’il était alcoolique depuis l’âge de seize ans. Son histoire était tragique. Mais lorsque quelqu’un parlait, c’était ainsi : on riait des situations cocasses, et puis on était ému aux larmes par la tristesse de leurs histoires. C’était triste mais il y avait tant d’espoir dans cette salle ! »

samedi 24 novembre 2012

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« Bien entendu, j’ai dit que j’accepterais volontiers, bien qu’à cette époque j’en connusse très peu sur la boisson, pas beaucoup sur l’alcoolisme et absolument rien sur AA. J’avais été à des « parties » vu des gens se saouler, mais jamais comme dans « du Vin et des Roses ». Je savais que les AA existaient mais je n’avais aucune idée de ce qu’ils faisaient. Je l’expliquais à Jim Miller (l’auteur du scénario) qui me demanda si j’aimerais aller à une réunion AA.
« Tout le monde », me dit Jim, « peut assister aux réunions ouvertes ». J’étais un peu nerveuse à l’idée d’y aller parce que je pensais que, d’une façon ou d’une autre, ce devait être laid et sordide … J’avais à l’esprit l’image du pauvre type couché dans l’encoignure d’une porte. Mais Jim Miller me donna rendez-vous le lundi soir à Manhattan, au coin de la Soixantième rue et du Parc.